

Inquiète d’une possible baisse des commandes et des achats des productions locales pour les fêtes de Pâques, la chambre d’agriculture en appelle à la mobilisation générale en faveur de ces produits phares de la gastronomie catalane.
Alors que se jouent ces deux prochains dimanches, lors des Rameaux puis Pâques, une grande partie de la consommation d’agneaux et de chevreaux en France, les éleveurs sont dans l’expectative. En effet, rien ne dit que les acheteurs, privés des fêtes en famille et restreints dans leurs déplacements du fait de l’épidémie, se tourneront vers ces productions rituelles de la saison pascale. « On est inquiet que cette production ne trouve pas sa clientèle de proximité » confie Emmanuel Leroy, responsable du service élevage à la chambre d’agriculture.
La crainte est légitime : que les clients, ne répondant qu’à une simple logique d’approvisionnement, privilégient l’achat en grande surface de viandes exportées plutôt que dans les boucheries qui sont en revanche approvisionnées par la coopérative catalane des éleveurs et les établissements Guash. « Ne pas se déplacer pour acheter votre chevreau ou agneau pour Pâques, c’est un sacrifice pour les papilles mais aussi pour les agriculteurs qui auront élevé des animaux difficilement vendables durant les semaines suivantes. Il ne faut pas ajouter aux difficultés du confinement, un impact économique à l’élevage fermier catalan » détaille Capucine Pennequin, technicienne ovine de la coopérative.
Adapter les recettes en cette période de confinement
Conscients que la consommation lors des repas de fêtes sera différente en cette année de confinement où les rassemblements familiaux sont prohibés, les acteurs de la filière redoublent d’inventivité afin que ces productions locales finissent bien dans les assiettes des consommateurs. C’est dans ce sens que la chambre d’agriculture s’est rapprochée des chefs des Toques blanches du Roussillon afin qu’ils proposent des recettes adaptées au contexte actuel.
Alors que ces derniers sont déjà impliqués auprès du personnel soignant de l’hôpital en confectionnant des repas directement sur site, ils en appellent à la solidarité avec les éleveurs à l’image de leur président Jean Plouzennec. « Il est nécessaire de consommer local pour soutenir les producteurs pénalisés par le Covid-19. Les consommateurs doivent aller voir leur boucher et profiter des fêtes pour consommer du chevreau et de l’agneau. »
Pour cela, le chef a confectionné toute une série de recettes dont certaines seront téléchargeables ces prochains jours sur le site de la chambre. L’objectif : montrer que l’on peut savourer ces viandes d’une manière différente en cuisinant notamment des petites pièces plutôt qu’un gigot entier. « Ce qui est certain, c’est que ces morceaux sont extras et qu’ils offrent plein de possibilités ».
Qu’en disent les éleveurs
Contactés ce mercredi 1er avril, plusieurs éleveurs d’ovins nous donnent leur sentiment sur le contexte actuel. Du côté de la Bastide, l’un des éleveurs reste serein. « Pour nous, il n’y a pour l’instant aucun impact puisque nos brebis sont en train de mettre bas et nous vendrons nos agneaux en début d’été ». Isabelle Amarante, elle n’est pas du même avis. Elle est éleveuse et installée sur la commune de Glorianes. à la tête de 320 brebis, elle ne cache pas son inquiétude. « Est-ce qu’on va tout sortir ou pas ? ». L’arrivée de ses agneaux est prévue spécialement pour la période de Pâques. « On prépare la lutte (ndlr accouplement du bélier et de la brebis) en août. Ensuite il y a 5 mois de gestation, en janvier les brebis mettent bas et il faut attendre environ 3 mois pour avoir un agneau qui rentre dans le cahier des charges. Nous sommes en Xaï et l’agneau doit peser entre 28 et 30 kilos ». Le problème principal évoqué par les professionnels est que ces petits prennent rapidement du poids, deviennent gras et se dévalorise tout simplement. « En plus, rappelle Isabelle Amarante, il faut le nourrir. » L’agneau de Pâques est donc particulièrement vulnérable mais une problématique identique s’applique aux chevreaux. Ces derniers sont, peut-être encore plus que l’agneau, spécialement consommés durant la période de Pâques.