Évelyne a passé 30 au sein de l’hôpital public. Elle fait partie des soignants pour qui la crise sanitaire a sonné le glas de leur engagement. Bien que vaccinée, Evelyne a claqué la porte pour se préserver et pour rester en adéquation avec ses valeurs.

Lunettes bleu turquoise, sourire aux lèvres, Evelyne aura passé 30 ans au CHU de Carcassonne en tant qu’infirmière. Elle a gravi les échelons, jusqu’à devenir représentante du personnel au moment où le vaisseau amiral du modèle de santé publique à la française s’est mis à tanguer. La Covid 19 a mis en lumière les difficultés et les conséquences des choix économiques des hôpitaux. « Nous manquions déjà de personnel mais les soignants ont une grande force d’adaptation donc personne n’a réagi avant. Nous avons fait le choix de ne pas avoir de stocks, moins de matériel pour pouvoir être rentable mais nous nous sommes retrouvés en difficulté lorsqu’il a fallu des masques » déplore Evelyne Manzanares. « Pendant le Covid on a tiré un trait sur nos jours de repos, sur les loisirs, au fur et à mesure nous avons vu les équipes craquer » conclut-elle.

Pour couronner le tout, la Carcassonnaise a été victime d’une maladie auto-immune et s’est mise en disponibilité. Il y a moins d’un an, en juin 2022, est venue l’heure de se poser des questions quant à son avenir. Face aux exigences de rentabilité, au manque de moyens, matériel, humain et financier, elle a décidé qu’elle ne renfilerait pas blouse blanche. « Avant même la crise, nous sommes descendus dans la rue pour réclamer des moyens notamment pour les EHPAD, pour qu’il y ait autant de soignants que de pensionnaire. La pandémie n’a fait que mettre en avant les difficultés qui existaient déjà. »

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Ses valeurs chevillées au corps

Si elle a décidé de changer de vie, c’est pour continuer de vivre en adéquation avec ses valeurs. Evelyne confie sa lassitude : « Personne ne nous chronomètre pour nous dire que l’on passe trop de temps avec un seul patient. Mais c’est encore plus insidieux car on en revient à la pénurie de médicaments, de masques, de matériels. » Tout en restant dans le milieu du soin, elle souhaite accorder le temps nécessaire aux personnes. 

Elle tenait également à saluer l’implication et l’abnégation des soignants qui travaillent toujours dans le milieu hospitalier : « Le personnel toujours présent est courageux, pugnace, même si ça leur coûte en termes d’horaires, de salaires. On n’a pas eu grand-chose ces dernières années à cause du gel du point d’indice mais surtout il manque encore la revalorisation des carrières pour attirer du monde aux urgences. Il faut sortir de cette logique de rentabilité pour avancer. »

Source sur l’indépendant

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