
Les témoignages de Philippe Gasch qui tient le club de plage Les Pilotis à Leucate et de Pierre Ramon, propriétaire de l’hôtel-restaurant Le Grand soleil à Gruissan.

Pour Philippe Gasch, le constat n’est pas rassurant : « On avait pris les devants pour monter le club. C’est 30 000 euros le montage, autant pour le démontage… Malheureusement, maintenant, l’horizon est bouché. On n’a plus aucune visibilité », déplore le patron du club de plage Les Pilotis à Leucate, situé à proximité de la base conchylicole. Ce pionnier devait entamer sa 17e saison. Hélas, son activité se retrouve paralysée. « C’est un scénario de science-fiction. Tout est suspendu. On a pris une sacrée douche froide, lundi soir, avec les propos du président Emanuel Macron. On est tous douchés… Nous, les saisonniers, on est les laissés pour compte… La situation est extrême. Mardi matin, je devais monter un bar supplémentaire à la plage, forcément j’ai annulé. »
Philippe Gasch se veut lucide : « Même si on rouvre cet été, je sais bien qu’on travaillera a minima. Mes collègues et moi-même ressentons un sentiment d’abandon. Il faut être réaliste…On va essayer, avec mes collègues plagistes, de faire face ensemble, de s’unir, de trouver des solutions communes. L’union fait la force. »
« C’est tout un tissu économique qui s’écroule »
Habituellement, 11 personnes travaillent au sein du club. « J’ai déjà recruté, mais les contrats n’étaient pas signés. En règle générale, j’embauche vers le 10 mai, ensuite d’autres saisonniers arrivent en juillet. C’est donc tout un tissu économique qui s’écroule. Si on fait une saison blanche, on connaîtra un chaos économique. On est tous sur une trésorerie à flux tendu. Quand on sait que l’économie de l’Aude repose principalement sur le tourisme, il y a vraiment de quoi s’inquiéter. On a aucun levier, on subit, on attend, c’est terrible. »
Pierre Ramon, propriétaire de l’hôtel-restaurant Le Grand soleil, en front de mer aux Chalets, à Gruissan, avec Luc Bonnafous, ne se montre pas plus optimiste : « On n’a absolument aucune visibilité. On va découvrir tout ça petit à petit. On avait attaqué le 10 mars, car on devait recevoir des groupes scolaires… On était plein jusqu’à fin juin… Tout s’effondre au final. Là, j’ai deux CDI au chômage partiel. L’été, on est une quinzaine, mais que vous dire… On réfléchit à l’avenir, au restaurant, on se dit qu’on pourra distancer les tables d’un mètre, c’est possible, mais ça me paraît compliqué. »
« On craint la saison blanche »
Pierre Ramon entamait, lui, sa 35e saison. « Bon, après, on fait passer la santé de tous avant tout, mais on craint l’année blanche. » Début mars, Pierre Ramon avait fait aménager une nouvelle cuisine… « Aujourd’hui, je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. Depuis un mois, je peins, je rafraîchis les lieux… » Histoire d’occuper l’esprit.