
La Coopérative devait présenter à partir du 11 avril la nouvelle exposition « Les Voleurs de feu ». En raison du confinement, l’ouverture au public est reportée. Mais le public peut admirer ses œuvres sur Internet.
Admirer les pièces d’un musée depuis son domicile, c’est possible. Confinement oblige, les lieux d’exposition sont fermés. Le 11 avril prochain, la nouvelle exposition Les Voleurs de Feu devait être dévoilée au public à la Coopérative de Montolieu. Son inauguration est reportée. En attendant, les amateurs peuvent prendre leur mal en patience en admirant ses œuvres sur le site Internet de la Coopérative.
Pas moins de 440 toiles ou sculptures prévues pour cette exposition y sont dévoilées. Elles proviennent du fonds composé de près de 2 000 pièces collectées par la galeriste et collectionneuse d’art latino-américaine Cérès Franco.
Voici quelques-unes de ses œuvres.
Pas de masques FFP2, ils sont latinos !
Dès 1966, Cérès Franco avait exposé des ex-voto de son pays d’origine : le Brésil. Il s’agit de sculptures, représentant des parties de corps touchés par la maladie. Ils étaient créés dans le seul but d’obtenir une guérison par intercession divine. Pour la collectionneuse, il s’agit d’œuvres d’art à part entière ! À admirer également une sélection de masques mexicains, fantasques et colorés. Non certifiés toutefois contre le Covid-19..Quoique…

Un « Naïf »du Brésil
Cérès Franco a nourri une grande fascination pour les « naïfs », à l’expression artistique spontanée. La plupart était d’origine modeste, souvent des marginaux, issus de régions reculées ou défavorisées. Parmi eux, Waldomiro de Deus, considéré comme l’un des plus grands représentants de l’art naïf brésilien. Cet artiste puisait son inspiration dans sa patrie d’origine, sa vie quotidienne, son folklore et sa religion.

Le Roi de Beaubourg
Découvert au début des années 1980, Jaber dit « Le Roi de Beaubourg », artiste brut, a profité d’une exposition de ses œuvres dans la galerie L’Oeil de bœuf de Cérès Franco en 1984. Il s’agit d’un artiste parisien originaire d’Afrique du Nord, autodidacte, peignant la nuit et vendant ou donnant ses toiles le jour. Avec ses pinceaux et ses couleurs, Jaber conte histoires et pitreries.

Pique-nique du désespoir
L’œuvre devrait trouver un écho particulier chez les amateurs de pique-nique, privés à ce jour de ce loisir. Voici Le Pique-nique du désespoir, œuvre réalisée en 1964 par Michel Macréau. Cet artiste, installé dans un vieux château de la vallée de la Chevreuse, a croisé Cérès Franco à la fin des années 1950. En précurseur, ce peintre avait délaissé le pinceau, préférant presser les tubes de sa peinture pour créer. Il a aussi exploré une multitude de supports différents, du carton au drap. Il inspirera Penck, Combas ou Basquiat.

Alerte CoBra !
Dans les années 1970, les chemins de Cérès Franco et de Corneille, membre fondateur du groupe CoBra, ne pouvaient que se croiser, entre éloge de la spontanéité, intérêt pour les arts populaires, l’art dit « primitif« , ou les tentatives d’échapper à l’emprise de la raison… Durant sa carrière, Corneille s’est initié à la gravure et a réalisé de nombreux voyages en Afrique et Amérique du Sud qui l’influencent. À découvrir ici Une Variation sur les contes de Perrault. Soleil, oiseaux, serpents, corps de femmes sont omniprésents dans son œuvre.

Un pyschopeintre
À découvrir également les œuvres de Marcel Pouget, un des chefs de file de la Nouvelle Figuration, qui qualifie sa démarche spécifique de « psychopeintre ». Il se présente comme un révolté contre « les mauvais ordres » des choses terrestres. L’artiste dévoile un univers étonnant, aux composantes déformées. Entre réalité et onirisme, douleurs et fantasmes, cris d’horreur et espoir… De quoi nous évader du confinement. Il a été exposé à deux reprises par Cérés Franco en 1978 et en 1985. Ici La Tentation de Saint-Antoine.

Des masques… russes
Le corps humain, dans son intégralité ou par éléments, est récurrent dans la collection Cérès Franco, car il est « le siège de la psyché, des sentiments et des passions« . Cette œuvre de l’artiste russe Oleg Tselkov interpelle ainsi par ce traitement du visage humain et sa couleur. Ces visages sans expression seraient ainsi « des masques dissimulant l’être ambigu et archétypal ».
