

Avec un taux d’incidence qui pour la première fois depuis le 25 avril a dépassé les 1 000 nouveaux cas sur une semaine pour 100 000 habitants, l’Aude est frappée par le retour de l’épidémie. Un phénomène qui commence à nouveau à peser sur les établissements de santé.
Le virage est précisément daté : dans la semaine du 29 mai au 4 juin, le taux d’incidence progresse dans l’Aude par rapport à la semaine précédente. Modestement, certes, avec + 3 %, et un nombre de nouveaux cas en une semaine pour 100 000 habitants chiffré à 220. Mais la tendance détonne, car elle est alors à contre-courant des semaines, des mois passés. Une inversion qui ne s’est depuis pas démentie au fil des semaines : + 39 %, + 26 %, + 65 %, et enfin + 69 % entre les semaines du 12 au 18 juin et du 19 au 25 juin, avec un taux alors chiffré par l’agence régionale de santé (ARS) Occitanie à 640 dans l’Aude. Mardi, un nouveau cap a été franchi : avec un taux chiffré à 1 049, dépassant pour la première fois la barre du millier depuis le 25 avril 2022, et un taux de positivité flirtant avec les 30 %.
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Une évolution fulgurante qui, du côté des pouvoirs publics, n’a pour l’heure généré aucune mesure contraignante. Lundi, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran écartait tout retour au pass sanitaire pour entrer dans les lieux de culture et la restauration, les confinements ainsi que les couvre-feu, laissant en suspens le retour d’un pass aux frontières. Ce même 4 juillet, la préfecture de l’Aude en appelait aux gestes barrière et à un effort de vaccination, soulignant l’utilité d’un second rappel pour les plus fragiles (à partir de 60 ans et pour les personnes immunodéprimées). Un message qui prend tout son sens à l’aune des taux de recours au second rappel pour les classes d’âge concernées, au 4 juillet : 7,6 % pour les 60-64 ans (78,3 % ayant fait leur 1er rappel) ; 10,3 % chez les 65-69 ans (80,7 %) ; 14,6 % pour les 70-74 ans (89,2 %) ; 19,7 % pour les 75-79 ans (90,8 %) ; et enfin 19,1 % pour les plus de 80 ans (72,2 %).
Nous n’avons plus beaucoup de lits disponibles
Des chiffres qui disent en creux la part de population plus susceptible d’être contaminée. Et donc de s’ajouter à un flux d’hospitalisation en net regain : « Il y a une hausse significative depuis deux semaines », résumait ce mercredi 6 juillet Alain Guinamant, directeur du centre hospitalier de Carcassonne, chiffrant à 22 les patients atteints de Covid (dont un tiers entré pour d’autres pathologies), avec une personne en réanimation. Un dernier chiffre qui est pour l’heure l’un des rares motifs de satisfaction : « Il semble que cette nouvelle vague génère moins de formes graves. » Reste le constat d’une énième phase épidémique qui survient à peine les vacances entamées : « On entame un été compliqué, rappelle le directeur dont l’établissement fait déjà face à de lourdes tensions d’effectifs (47 lits fermés sur 440, 100 infirmiers manquants, un taux d’absentéisme dépassant les 10 %, Ndlr). Nous n’avons plus beaucoup de lits disponibles. On va essayer de maintenir notre niveau capacitaire, mais nos agents sont eux aussi touchés par le Covid. »
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Contexte délicat, d’autant que le responsable du CH sait que la semaine du 11 au 18 juillet, entre embrasement de la Cité et arrivée du Tour de France, sera forcément génératrice d’activité supplémentaire. Un contexte qui a déjà débouché sur une évolution caractérisant les tensions subies : « Depuis un mois, la cellule de crise avait été remise en place, et se tenait une fois par semaine. Nous allons passer à deux réunions hebdomadaires. » Pas encore d’activation de ce type de cellule au centre hospitalier de Narbonne. Mais le Dr Alain Péret, chef des urgences, fait le même constat : « On commence à être impactés par le Covid. Nous étions à deux à cinq hospitalisation par semaine, et nous en avons comptabilisé 10 sur les seules journées de lundi et mardi. »
La situation se tend, incontestablement. Et ça accentue les difficultés en ressources humaines
Et de compléter le tableau avec les trois patients, âgés de 69 à 76 ans, pris en charge en réa, pour préciser, lui aussi, « qu’il semble y avoir moins de problèmes respiratoires avec les nouveaux variants. » Mais alors que, à Narbonne aussi, « des personnels sont inévitablement en arrêt avec des Covid + », le site doit faire face à l’équation qu’a posée l’épidémie à chaque vague : « On est obligé de faire de la gymnastique, de trouver des chambres seules pour satisfaire l’isolement que nécessite le Covid. » Un travail d’équilibriste pour un établissement qui a choisi de « ne pas créer de service Covid dédié, parce que cela limiterait la capacité de prise en charge spécialisée ».
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Un fonctionnement pour l’heure tenable. Mais alors que l’afflux estival n’a pas encore atteint son traditionnel niveau (135 passages aux urgences en début de semaine pour des pics à 190-195 au cœur de l’été, Ndlr), le Dr Péret n’hésite pas à dire son « inquiétude. L’impact n’est pour l’heure pas majeur, ce n’est pas une crise qui nécessite des déprogrammations, mais il existe. La situation se tend, incontestablement. Et ça accentue les difficultés en ressources humaines ».