

Luiz Inacio Lula da Silva a prêté serment dimanche en tant que président du Brésil, promettant un changement de cap radical pour sauver ce qu’il a appelé une nation en ruine. Il a signé de premiers décrets dont certains font déjà parler.
Alors qu’une loi brésilienne garantit le secret d’éléments liés à la vie privée pour une durée de 100 ans, Lula vient de demander une réévaluation de certains décrets liés à la présidence de son prédécesseur, Jair Bolsonaro.
Ainsi, le premier acte de la nouvelle présidence de Lula aura été de signer un décret demandant, sous 30 jours, au contrôleur général de l’Union (CGU) une réévaluation des décisions de Bolsonaro.
Et parmi celles-ci, un « secret » d’importance: le statut vaccinal de l’ancien président issu de l’extrême-droite brésilienne. Franchement antivax, Bolsonaro a-t-il été vacciné contre le Covid dans un pays plongé dans le chaos du coronavirus? Personne ne le sait et Bolsonaro a imposé le secret sur le sujet et ce dernier ne devrait être révélé que dans 100 ans.
Pendant la campagne électorale, les deux hommes se sont régulièrement affrontés sur ce terrain de la vaccination anti-Covid. « Qu’est-ce que tu caches? », lançaient ainsi régulièrement les soutiens de Lula à Bolsonaro. « Tu le sauras dans 100 ans! » répondait effrontément Bolsonaro.
Un « génocide » qui « ne restera pas impuni »
Or, si le sujet peut paraître secondaire, dans un pays meurtri par la crise du Covid, le statut vaccinal de Bolsonaro crispe, le président étant soupçonné de s’être mis à l’abri des formes graves de la maladie quand, dans le même temps, sa gestion se montrait catastrophique.
Lors de son intronisation, Lula a accusé l’administration de Jair Bolsonaro d’avoir commis un « génocide » en n’ayant pas réagi correctement à la pandémie de COVID-19 qui a tué plus de 680.000 Brésiliens. « Les responsabilités de ce génocide doivent faire l’objet d’une enquête et ne doivent pas rester impunies », a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs lancé une menace indirecte contre son prédécesseur, qui fait face à des risques juridiques pour sa rhétorique anti-démocratique et sa gestion de la pandémie, maintenant qu’il ne bénéficie plus de l’immunité présidentielle.
« Nous ne portons aucun esprit de vengeance contre ceux qui ont tenté de soumettre la nation à leurs desseins personnels et idéologiques, mais nous garantirons l’État de droit », a déclaré Lula, sans citer nommément son prédécesseur. « Ceux qui ont fauté répondront de leurs erreurs ».
Bolsonaro a quitté le Brésil
Outre les secrets de Bolsonaro, Lula a aussi signé des décrets pour stopper les privatisations d’entreprises publiques mais aussi la révocation d’actes qui encouragent l’exploitation minière en Amazonie. Il a aussi suspendu les effets des décrets de son prédécesseur qui facilitaient l’accès aux armes et aux munitions.
A noter que Jair Bolsonaro a quitté vendredi le pays à destination de la Floride, évitant ainsi d’avoir à remettre l’écharpe présidentielle à Lula – dont il n’a pas reconnu la victoire – mais aussi de potentiels risques juridiques liés à son mandat.