Les médecins découvrent jour après jour les particularités d’une maladie qui est encore loin d’avoir livré tous ses secrets et qui, outre sa contagiosité, peut soudain prendre un caractère extrêmement sévère.

C’est clairement une nouvelle maladie. Un truc inflammatoire, une vraie saleté chez ceux qui ont une forme grave. Avec des troubles de la coagulation, des syndromes dermatologiques. On est en train de chercher des solutions du côté de l’immunité. «  Comme tous ses confrères de l’hôpital de Perpignan, Hugues Aumaitre découvre au jour le jour ce Covid-19 qui ne ressemble à rien de connu.

« Vivre une épidémie comme ça, avec une telle brutalité, ni mes collègues ni moi n’avions vécu cela, reconnaît Olivier Barbot, en réanimation. C’est un orage inflammatoire énorme, avec des atteintes rénales, il faut fluidifier le sang.«  Les patients qui arrivent en réanimation sont des gens « plutôt jeunes, entre 40 et 55 ans, aux deux tiers des hommes, la plupart diabétiques, hypertendus et obèses« . Ils n’arrivent plus à respirer, malgré l’oxygène en soins intensifs.

14 jours d’intubation

« On essaie, si on le peut, d’éviter l’intubation, où le patient est endormi, avec un tuyau dans la bouche, branché sur un respirateur. Avec le Covid, on se rend compte qu’ils en ont besoin pendant14 jours en moyenne. Si ça ne suffit pas, on les met sur le ventre pour les aider à respirer. Et si ça ne suffit pas non plus, on met en place une circulation extracorporelle du sang, qui est oxygéné par une machine.«  Des interventions très lourdes pour les soignants : « Il faut cinq ou six personnes pour les manipuler.«  Le tout est compliqué par les précautions pour éviter toute contamination. « Remettre les gants, remettre une blouse, remettre un tablier à chaque soin… Ce n’est pas que c’est difficile, mais c’est fatigant « , soupire une infirmière. Sans parler du masque, de la buée sur les lunettes.

« On est allés loin, les réanimateurs se sont battus, ils ont fait un boulot de fou « , reconnaît le docteur Aumaitre.

Une vigilance que l’on sent d’un bout à l’autre de la chaîne. « Depuis quand vous avez mal à la poitrine, madame ? « , demande à l’entrée des urgences l’aide-soignant qui accueille une patiente, orientée par le centre et arrivée en ambulance. Sa carte Vitale et sa carte d’identité sont aussitôt désinfectées par des mains gantées. La salle où elle va être examinée sera intégralement décontaminée après son passage. « On en a pour un quart d’heure, et après il y a un temps de décontamination à respecter qui est d’une heure « , précise l’agent hospitalier. Plus loin dans le couloir, médecins et infirmiers ont l’œil sur les écrans, où s’affichent les rythmes cardiaques des patients les plus aigus. « La maladie décompense très vite et de façon très grave « , insiste l’infirmière.

« On est à flux tendu, on reçoit des coups de fil, il faut que je voie trois ou quatre dossiers très rapidement, lâche le docteur Valentin Amon. On reste toujours haut. On peut avoir deux ou trois heures de calme, et puis tout se bouscule.« 

Source sur l’indépendant

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