

Moins de commandes, moins d’abattages et des perspectives de pertes d’exploitations sont pointés par les responsables d’une filière qui paye notamment les fermetures des restaurants.
Dans le département de l’Aude, où l’on compte 200 éleveurs ovins professionnels, ce sont quelque 40 000 agneaux qui sont élevés chaque année sur les secteurs de la montagne Noire, des Hautes-Corbières, de la Malepère, du Limouxin ou encore sur le plateau du Pays de Sault, avec une partie de la production destinée à être écoulée pour les fêtes de Pâques.
Aussi, au regard de la crise sanitaire du Covid-19 et des mesures de confinement qui en découlent, c’est une année 2020 qui s’annonce d’ores et déjà difficile pour les divers acteurs de la filière ovine audoise. « C’est très compliqué, car il y a moins d’abattages en raison du manque de commandes. On va certainement vers des pertes d’exploitations ! », ne cache pas Paul Descous, responsable du pôle élevage à la chambre d’agriculture de l’Aude. Pas de commande non plus de la part des restaurants aujourd’hui fermés, alors que l’agneau avait l’habitude de figurer en bonne place sur les menus. « Le problème qui se pose, c’est que des agneaux matures restent dans la bergerie, et que ceux qui sont en label peuvent se retrouver déclassés. »
Pour le syndicat des bouchers et charcutiers de l’Aude, le président Christian Auriol parle d’une crise « sans précédent, où les éleveurs sont les premières victimes avec une baisse de la vente d’agneau qui avoisine 35 %. » Au sujet des artisans bouchers, « ils ne profitent pas des vacances et de leur afflux de touristes habituel, puisque les gens sont confinés. Il n’y a pas non plus les traditionnels repas de famille, où tout le monde a l’habitude de se retrouver… On est tombé de moitié par rapport à l’activité de l’an passé. » Sur son activité d’artisan boucher à Carcassonne, Christian Auriol explique qu’il n’y a pas l’engouement de l’an dernier : « Habituellement je suis entre trente et quarante gigots de commandés, là j’en suis à cinq ! » Pour pallier cette difficulté qui touche les artisans bouchers, certains proposent de plus en plus d’aller directement livrer des clients. « Tous les jours, je fais une dizaine de livraisons en ville », confie Christian Auriol. Et d’ajouter : « On va essayer de faire des petites pièces, des petits gigots ou des pavés d’agneau dans le gigot…«
Les chambres consulaires unies
Président de la coopérative artisanale des métiers de la viande de l’Aude (Camva), Michel Rabat évoque lui aussi « une filière qui s’organise face à cette crise, avec des commandes qui sont presque nulles. Normalement, à cette période, le commerce de l’agneau est multiplié par sept, huit ou dix ! Pour nous Pâques, c’est le deuxième temps fort de l’année après Noël… A la coopérative, habituellement, on reçoit quatre cents carcasses à cette période, là on est tombé à une centaine. » Et d’expliquer que l’« on s’adaptera en espérant que les gens fêteront quand même Pâques… Habituellement on est une dizaine pour Pâques, là on sera deux avec ma femme ! »
Pour ces fêtes de Pâques, il est bon de souligner que la chambre d’agriculture de l’Aude s’est associée à la chambre de métiers et de l’artisanat ainsi qu’à celle de commerce et d’industrie, afin de permettre à leurs ressortissants de se procurer l’agneau pascal local, directement auprès des producteurs audois, mais aussi chez des artisans bouchers, des commerces de proximité ou auprès des enseignes de grande et moyenne distribution. « Beaucoup d’éleveurs se sont inscrits », souligne Maryline Planche pour la chambre d’agriculture de l’Aude. Une plateforme mise en place par la Région Occitanie permet également aux particuliers de pouvoir commander de l’agneau pascal, voire d’être livrés à domicile.