

Le vendredi après-midi, son local de distribution est ouvert aux autres producteurs, sur la plaine Mayrevieille à Carcassonne.
L’idée a germé alors que le marché de la place Carnot à Carcassonne n’était plus autorisé en raison du confinement. La maraîchère Muriel Vayre a décidé de faire profiter de son point de vente sur sa propriété, aux autres producteurs locaux. Depuis le 3 avril dernier, ces derniers peuvent ainsi poser leurs étals (à distance) autour de son local; lequel est censé ouvrir à 15 heures pour les habitués. Mais à 14 h 30, les amateurs faisaient déjà la queue (également à distance réglementaire les uns les autres) devant le portail fermé, alors que la dizaine de producteurs invités installait leur étal. Asperges, fromages de chèvres ou de vache, miel, pain, champignons… : il n’y avait que l’embarras du choix.
Équipés pour beaucoup de masques et de gants, les professionnels servaient leurs clients, les uns après les autres, appréciant ce nouveau débouché pour leurs productions. Certains trempaient même les pièces de monnaie pour les désinfecter à l’aide d’eau de javel.
Un bol d’air
« Ce groupement est un bol d’air pour nous« , avouait Stephen Langloys. éleveur et producteur de fromages de chèvres à Barbaira. « Tous les jours, nous avons du lait de chèvres et les fromages s’entassent dans la cave avec la fermeture des deux marchés où nous allions, à Carcassonne et Olonzac« , explique l’agriculteur. Pour lui, c’est son troisième vendredi chez Muriel Vayre. « Vendredi dernier, les clients étaient organisés sur deux files. Ça se passe très bien. Les clients des uns se greffent aux nôtres et ainsi on se fait de nouveaux clients. Cela nous permet d’écouler une partie des fromages. Muriel nous donne un sacré coup de main!« , confie-t-il. Même réflexion pour Romain Loubet, producteur de champignons (pleurote et shiitaké) à Fontiès-d’Aude : « Je travaille en principe avec les commerces mais les ventes ont baissé de 30 à 40 % », déplore-t-il.
« Nous essayons de faire tourner les producteurs car nous ne pouvons pas accueillir tout le monde », regrette la responsable des lieux. Elle a ainsi fait appel aux habitués de la place Carnot et « ceux aussi qui rencontrent des problèmes économiques », précise la jeune maraîchère qui a dû composer de nouvelles règles en raison de la situation sanitaire : pas plus de trois clients dans son local et des voitures filtrées à l’entrée pour éviter un attroupement trop conséquent sur son terrain.