

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a reconnu jeudi des « erreurs » et une « méthode inopportune » après la réquisition par l’Etat dimanche dernier de plusieurs millions de masques arrivés de Chine à l’aéroport de Bâle-Mulhouse, qui a suscité des crispations avec des élus locaux.
Face à la pénurie de masques pour le personnel soignant en contact direct avec des patients atteints du nouveau coronavirus, l’exécutif a annoncé le 3 mars la réquisition par l’Etat de « tous les stocks et de la production de masques de protection » afin de les distribuer aux soignants et aux personnes malades.
Mais sur le terrain, ces réquisitions ont du mal à passer. Lundi, la présidente socialiste de la région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay, qui devait recevoir des masques, a accusé l’Etat d’avoir « réquisitionné » ces derniers et a déploré l’absence de « concertation, ni même d’information préalable ».
« Je n’ai connaissance que d’un seul incident » sur l’aéroport de Bâle-Mulhouse dimanche après-midi, a déclaré Christophe Castaner jeudi lors d’une audition en visioconférence devant la mission parlementaire portant sur l’impact, la gestion et les conséquences de l’épidémie de coronavirus.
« Un importateur a pris beaucoup plus de commandes que la capacité qu’il avait à en livrer », a-t-il ajouté. « Il avait la commande de six millions de masques de l’ARS Grand-Est mais avait aussi d’autres commandes » de la région Bourgogne-France-Comté et du Conseil départemental des Bouches-du-Rhône.
« Il devait livrer les six millions de masques le vendredi à l’ARS, il n’en a livré que deux, et il avait annoncé qu’il en livrerait quatre supplémentaires le dimanche pour la commande de l’ARS Grand-Est. Au moment de l’arrivée, il a été constaté qu’il n’avait que 3,4 millions de masques et effectivement la préfecture a usé de son droit de tirage prioritaire », a-t-il expliqué.
S’il n’y a pas de « mise en cause » de cette réquisition, la « méthode a été mauvaise », a estimé Christophe Castaner. « C’était une méthode qui était inopportune parce qu’elle n’était pas conforme à l’esprit dans lequel nous devons travailler avec les collectivités locales et il n’est pas question qu’elle se reproduise. »
« Il est totalement inopportun que des erreurs se produisent dans notre relation, l’Etat et les collectivités locales », a-t-il insisté.