

La situation sanitaire de l’Espagne et de la Catalogne ne cesse de s’aggraver. Avec la barre des 10 000 morts franchie jeudi 2 avril, le pays a connu sa pire mortalité sur 24 heures (+ 950 décès). En cumulant 20 % des cas et des morts, la Catalogne est la seconde région la plus touchée derrière Madrid et son agglomération.
Et la province de Gérone, à peine plus grande et plus peuplée que les Pyrénées-Orientales, compte à elle seule plus de morts que toute l’Occitanie.
« C’est une épidémie très dure ». Jeudi après-midi, en conférence de presse, la conseillère catalane à la Santé, Alba Verges, n’a rien caché de la situation préoccupante en Catalogne. Car la région a vu son nombre de cas testés positifs au Covid-19 exploser de + 49 % en seulement 24 heures, à près de 22 000 personnes, dont 3 500 personnels soignants infectés. Et son nombre de morts bondir de 38 % en 24 heures aussi, pour dépasser la barre des 2 000 Catalans décédés. Des chiffres terribles auxquels il faut encore ajouter au moins 47 000 autres Catalans malades avec des « symptômes légers », comme l’a précisé Alba Verges. Une donnée qui n’est pas évaluée de ce côté-ci des Pyrénées, pas plus que le nombre de décès liés au Covid intervenus en maisons de retraite, ce que fait l’Espagne. Au niveau de toute l’Espagne justement, ce sont maintenant plus de 110 000 personnes qui sont officiellement touchées par le Covid-19 pour 10 003 décédées. Le bilan français, lui, faisait état mercredi soir de 23 639 hospitalisations dont 6 000 en réanimation, et 4 032 morts.
En Catalogne, 1 848 morts de plus en 10 jours
Malgré les mesures de confinement prises, rappelons-le, trois jours avant la France, le virus continue de se propager à vitesse grand V en Espagne et en Catalogne. La région frontalière des Pyrénées-Orientales et de l’Occitanie, comptait ainsi moins de 6 000 cas et 245 patients décédés du Covid-19 le 23 mars, elle dénombrait ce jeudi près de 22 000 malades et 2 093 morts. « Tous les hôpitaux ont augmenté leurs capacités même si certaines zones, comme Tarragone, ne sont pas autant en tension que d’autres, et la coopération public/privé est totale », a encore déclaré Alba Verges. Comme maintenant tous les pays frappés par l’épidémie, l’Espagne et la Catalogne peinent à se fournir en matériel de protection et médical. 12 tonnes de masques, gants, charlottes… sont toutefois arrivées jeudi à Barcelone en provenance de Chine. C’est dans ce contexte que la conseillère catalane à la Santé a annoncé que la fabrication de respirateurs « made in Catalogne » (Seat notamment, peut en fabriquer 300 par jour) pouvait être lancée : « On attend les autorisations ». Le président de la Generalitat, Quim Torra, a ainsi fustigé « trop de bureaucratie ».
119 morts dans les comarques de Gérone, 106 en Occitanie
La comparaison des situations en Catalogne et en Occitanie, deux régions aux superficies et populations équivalentes, était jusqu’à peu équilibrée. Mais l’explosion du nombre de cas et de morts catalans crée aujourd’hui une différence telle entre les deux régions voisines que c’est désormais une seule de ses provinces, celle de Gérone, qui dépasse le bilan de toute l’Occitanie. Or, Gérone et ses comarques (Alt et Baix Empordà, Cerdagne, Garrotxes…) représente un ensemble à peine plus grand et plus peuplé (600 000 habitants) que le seul département des Pyrénées-Orientales (480 000 habitants). On y dénombrait donc lundi 742 cas et 66 morts, mardi 808 cas et 83 morts et jeudi 1 180 cas positifs et 119 morts contre 106 morts en Occitanie (pour 2 633 cas et 910 hospitalisations selon l’Agence régionale de santé). Les seules communes de Gérone (266 cas), Salt (100) et Olot (107) représentent 43 % des cas de toute la province. Dans le détail encore, La Junquera comptait jeudi 9 cas, Rosas 15, Figueres 39, L’Escala 13, Banyoles 57, Palamos 44, Lloret de Mar 39…
D’Igualada, cluster toujours brûlant, au tri des malades
C’est dans cette petite zone de cinq villages autour d’Igualada, commune à 50 km de Barcelone, qu’est apparu le premier foyer infectieux de Covid-19 en Catalogne. Un cluster, premier isolé du pays mais toujours brûlant puisqu’il comptait ce jeudi 608 malades (dont 154 soignants) et 98 morts contre 20 cas et 3 morts le 12 mars ou encore 395 cas et 50 morts le 26 mars. Certains parlent du « mystère d’Igualada » tant les questions restent nombreuses autour de ce foyer catalan de Covid-19. Pour l’anecdote, le Barça a annoncé un match amical et caritatif contre l’équipe de football d’Igualada, au stade municipal de la petite commune. Les recettes seront reversées pour la lutte contre le Covid-19. Évidemment, aucune date n’a pu être avancée pour cette rencontre mais elle est déjà saluée comme « un rayon de lumière » par le maire d’Igualada.
- Pas les plus de 80 ans
Dans un document interne, le Service d’urgences médicales de Catalogne (SEM), qui dépend du Département de la Santé de la Generalitat, conseille de ne pas hospitaliser dans les unités de soins intensifs, les malades du Covid-19 âgés de plus de 80 ans. Une mesure qui, selon plusieurs experts catalans, s’appliquait déjà avant la crise sanitaire due au coronavirus. Le directeur médical du SEM, Xavier Gimenez, assume parfaitement ce qu’il qualifie de recommandations et non d’ordres, prises « sur des bases scientifiques et des critères éthiques ».