

Chef du service maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital de Perpignan, Hugues Aumaître fait le point sur la baisse des hospitalisations dans les P.-0. Et mobilise pour un respect du confinement, « C’est le moment ou jamais ».
Le nombre d’hospitalisations pour Covid-19 est passé sous la barre des 80 ce week-end à Perpignan. C’est le signe d’un répit ou d’un vrai frein de l’épidémie ?
Il y a effectivement un début de baisse, avec un peu moins d’hospitalisations.Mais, il faut rester très prudent. Les cas relevés dans les EPAHD peuvent nécessiter des hospitalisations et déclencher une deuxième vague d’hospitalisations. C’est déjà le cas dans d’autres régions en France.
L’épidémie connaît-elle un plateau dans les P.-O.?
On a l’impression que l’épidémie atteint son top, mais, je le répète la méfiance reste de mise. Une vague d’hospitalisation des patients des Ephad pourrait dessiner une double bosse. De plus, il faut savoir et rappeler que chaque jour des patients sont encore et toujours hospitalisés.
Ce n’est donc pas l’heure de relâcher le confinement ?
Surtout pas. Il faut rester très très vigilant. Le taux de personnes qui ont été en contact avec la maladie est faible, on peut le jauger à 5 % dans le département, ce n’est donc pas suffisant pour prétendre éteindre l’épidémie. Si l’on ne reste pas vigilant sur le confinement maintenant, on pourrait avoir une reprise et donc un confinement plus long. Les études en Italie le démontrent : on ne peut pas faire un confinement petit bras. La durée de séjour, de temps et d’heures passés hors confinement, influent sur le développement de l’épidémie. Plus on passe de temps déconfiné, plus on augmente le potentiel de malades.
Le profil des malades hospitalisés évolue-t-il ?
Il a déjà évolué. À Perpignan, les patients sont désormais majoritairement âgés et il y a plus d’hommes que de femmes.
Le cluster perpignanais est-il maîtrisé ?
Il est moins actif, mais, il reste présent. Les centres Covid de Perpignan ont moins d’activité, mais 10 % des patients vus sont toujours hospitalisés. Il y a toujours des gens qui ont besoin de consulter et d’hospitalisations.
La maladie est-elle toujours aussi violente ?
On est toujours confronté à des cas graves. Ce qui évolue, c’est la façon de les gérer. En réanimation, on intube moins qu’avant. L’expérience aidant, on peut assurer des ventilations avec d’autres techniques moins agressives.
Quel est le rôle de l’hôpital de Perpignan dans l’étude nationale lancée sur l’usage de l’hydroxychloroquine ?
Nous sommes co-investigateur de cette étude. Le premier malade de l’étude a été introduit samedi à Perpignan. Cette étude tentera de prouver si cela fonctionne dans un cadre un petit plus rigoureux. Depuis le début de l’épidémie, nous utilisons le Plaquénil, faute d’autres traitements alternatifs. Cette étude doit démontrer ou pas les réels bénéfices pour les patients.
Quel est l’état des troupes à l’hôpital après 5 semaines de mobilisation ?
Le personnel est toujours au front. Il y a bien sûr de la fatigue, de la tension, c’est logique après 5 semaines. Mais, la mobilisation est toujours présente. Les périodes de repos organisées portent aussi leurs fruits. Il n’y a heureusement pas trop de nouvelles contagions.
Un message pour finir…
Restez confinés, c’est vraiment le moment ou jamais.