

Un blog répertorie, depuis quelques semaines, ces amendes parfois insolites, celles qui font sourire ou celles qui révoltent que des policiers ont dressé depuis le début du confinement. Petit inventaire.
Depuis le début du confinement, certains abusent de leur droit de sortie et ne manquent pas d’imagination pour contourner les règles de confinement. Mais à l’inverse, ils sont nombreux aussi à s’être fait verbaliser de manière injuste.
C’est l’objet d’une page internet qui compile ces PV jugés abusifs. Si certains voient en ce blog un acte militant, une forme de dénonciation des dérives d’un Etat qui viendrait vous fliquer jusque dans vos chariots de supermarchés, Eric, qui tient à jour cet inventaire prévient toutefois: « J’ai forcément des opinions sur tout ça, je m’autorise des commentaires d’humeur, mais ne me prêtez aucune intention ni aucun message politique que je n’aurais moi-même explicitement exprimé ».
Et Eric de mettre en garde: « Cet inventaire n’est pas un appel à mettre fin au confinement, à lutter contre la police, à braver les règles, ou à quoi que ce soit d’autre ».
Non, ce blog se décrit avant tout comme une « collection de liens publics, qui ne se veut même pas exhaustive ». Et son auteur de prévenir qu’il n’a pas réalisé « de travail journalistique » et il ne « faut pas le considérer comme tel », lui qui a évité de reprendre ces amendes qui lui paraissaient « contestables ou litigieuses ».
Mais qu’y a-t-il alors dans cette page appelée « Verbalisé parce que » qui répertorie ces abus de pouvoirs supposés des forces de l’ordre?
On y trouve cette dame verbalisée de 360 euros d’amende pour avoir acheté, au milieu d’autres courses indispensables, deux paquets de biscuits qui n’auraient pas été jugés indispensables par les forces de l’ordre. Il y a aussi cette autre dame réprimandée pour n’avoir acheté que du soda ou une autre verbalisée pour avoir acheté des tampons hygiéniques.
Rocambolesques histoires aussi sur les baguettes de pain qui ont aussi fait l’objet de PV abusifs. A Sanary sur Mer, le pain se conjugue ainsi au pluriel. Le maire avait indiqué que « toute personne sortant d’une boulangerie avec une seule baguette serait verbalisée ». Pire, dans une commune francilienne, un homme a été verbalisé pour être allé à la boulangerie. Sortie jugée excessive par les forces de l’ordre ce jour-là.
Mais la liste ne s’arrête pas là. Des dizaines d’autres faits sont répertoriées sur ce blog. Comme cet homme verbalisé pour être allé faire les courses (le coffre plein l’attestait) mais pour lesquelles il a été incapable de fournir le ticket de caisse.
Le type de véhicule utilisé a aussi été verbalisé. Une dame à vélo a ainsi écopé d’une amende de 135 euros parce qu’elle n’était pas sortie faire ses courses en voiture. Une autre parce qu’elle était à plus d’un kilomètre de chez elle (distance normalement imposée qu’aux seuls promeneurs ou joggeurs).
Une dernière pour la route? Une femme vivant seule a été verbalisée pour être allée faire ses courses avec son bébé de 2 mois qu’elle ne pouvait décemment pas laisser seul chez elle ou dans la voiture.
Avec ces anecdotes, qui viendront occuper pendant de longs mois le service des contentieux de la police, on met le doigt sur le paradoxe de cette période de confinement où le « restez chez vous » doit être la règle. Mais en autorisant toute sorte de commerces à rouvrir et notamment ceux qui ne sont pas essentiels, le message est brouillé. Les forces de l’ordre, elles, cherchent à faire appliquer coûte que coûte les consignes qu’on leur a données. Entre cafouillages et abus, la frontière est parfois mince. Comme celle, entre réels besoins et mauvaise foi, pour le reste des Français.