

« Les crèches, les écoles, les collèges et les lycées pourront rouvrir progressivement à partir du 11 mai ». L’annonce d’Emmanuel Macron, lundi, a fait sensation dans le monde de l’éducation nationale.
« La situation actuelle creuse des inégalités et ne peut pas perdurer ». L’argument du président de la République pour justifier la réouverture des écoles progressivement à partir du 11 mai n’a pas ému très longtemps le monde enseignant qui a surtout l’impression d’être sacrifié sur l’autel de la reprise économique.
« Le gouvernement aura à aménager des règles particulières, organiser différemment le temps et l’espace, bien protéger nos enseignants et nos enfants avec le matériel nécessaire », a pourtant argumenté Emmanuel Macron sans convaincre ceux qui s’inquiètent de la circulation du virus dans des classes surchargées.
« C’est tout sauf sérieux de rouvrir les écoles le 11 mai car on nous dit que tous les lieux publics sont fermés, les cinémas, les salles de spectacle, mais pas les écoles, alors que l’on sait que c’est un lieu de haute transmission, de haute contamination, il y a un manque de précaution, ça paraît être en contradiction totale avec le reste », a réagi Francette Popineau, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. « Il faudrait vraiment être sûr que l’épidémie soit derrière nous. Il ne faudrait pas que l’école, les personnels de l’école fassent les frais d’une organisation qui n’a pas été pensée en termes de tests, en termes de confinement lié à cela. On va être très prudent sur la manière de mettre en place les choses ».
Même constat pour Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, première fédération syndicale de l’éducation : « Le plan de rentrée paraît encore flou », a-t-il déclaré. « Emmanuel Macron dit que toutes les conditions sanitaires seront réunies mais on a un grand nombre d’inquiétudes, on sait que le virus circule parmi les élèves ». « Reprendre normalement ne sera pas possible, donc qu’est-ce qui va être proposé en termes d’aménagement ? Est-ce qu’on va prendre des demi-classes ? On ne va pas pouvoir reprendre des classes à 35 », a prévenu Benoît Teste.
Au syndicat SE-Unsa, « ce qui ressort de cette annonce c’est » aussi « de l’inquiétude », selon son secrétaire général, Stéphane Croche. « On nous parle de retour progressif, qu’est-ce que ça signifie clairement ? Et c’est le plus grand flou sur les conditions sanitaires dans lesquelles les enseignants reviennent », a-t-il dit, ajoutant qu’ils « ne pourront pas reprendre comme si de rien n’était le 11 mai ».
« Tout le monde a entendu les inquiétudes de rebond du virus dans les semaines à venir, les enseignants ne veulent pas être les victimes de ce rebond en étant en première ligne avec des enfants toute la journée qui peuvent être porteurs », a insisté Stéphane Crochet, qui attend du ministère des éclaircissements.