Amazon a fermé la totalité de ses centres de distribution en France et n’est pas en mesure de dire quand ils pourront rouvrir, a déclaré jeudi le numéro un d’Amazon en France, sommé par la justice de restreindre son activité au terme d’un bras de fer avec des syndicats.

Saisi par l’Union syndicale Solidaires, le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) a imposé mardi au géant américain du commerce en ligne de se limiter aux produits d’alimentation, d’hygiène et de santé le temps d’évaluer les conditions de sécurité pour ses salariés dans ses entrepôts.
Risquant un million d’euros d’astreinte par jour de retard, Amazon a pris la décision radicale de fermer la totalité de centres de distribution jusqu’au début de semaine prochaine au moins. Les 10.000 salariés, dont un tiers d’intérimaires, qui travaillent dans ces six entrepôts, conserveront la totalité de leurs salaires.
Le directeur général d’Amazon en France, Frédéric Duval, a fait valoir jeudi que la décision du tribunal de Nanterre comportait d’importantes ambiguïtés aux yeux du groupe, ce qui l’avait conduit à interrompre toute activité, au lieu de seulement la réduire comme demandé par la justice.
« Est-ce qu’un coupe-ongles est un produit d’hygiène? Est-ce qu’un préservatif est un produit médical? Je ne sais pas le dire », a-t-il expliqué sur la radio RTL.
« Dans ces conditions et compte-tenu de l’amende qui nous est infligée d’un million d’euros par infraction constatée, nous sommes dans l’obligation de fermer nos sites », a-t-il ajouté.
Il a confirmé qu’Amazon ferait appel de la décision du tribunal.
Le groupe basé à Seattle est interpellé dans plusieurs pays sur la sécurité et les conditions de travail des salariés qui travaillent dans ses entrepôts face à la propagation de l’épidémie de coronavirus.
Le distributeur a renforcé ses mesures de protection à marche forcée pour maintenir ses entrepôts ouverts et continuer à livrer des consommateurs confinés chez eux : prise de températures à l’entrée des sites, distribution de masques et de gel hydroalcoolique, marquages au sol.

Penicaud plaide pour une reprise rapide

En France, les organisations syndicales jugent ces mesures toujours insuffisantes, évoquant notamment la promiscuité dans les entrepôts, l’absence de clarté sur le nombre de salariés malades et l’absence de cohérence entre les mesures prises sur les différents sites.
Frédéric Duval a affirmé pour sa part que le distributeur avait engagé des « investissements très importants » pour assurer la sécurité de ses salariés.
Il a également souligné l’impact de l’arrêt de la plateforme utilisée par de nombreux consommateurs restreints dans leurs déplacements. Ils pourront toutefois continuer à commander en étant livrés de l’étranger, a-t-il précisé.
Selon des données Kantar, Amazon est de loin le premier acteur du commerce en ligne en France avec une part de marché, en croissance continue, de 22,2% en 2019.
« La décision « va avoir des conséquences importantes aussi pour les dizaines de milliers d’entreprises TPE-PME qui utilisent nos services d’expédition aujourd’hui pour faire leur activité pendant cette période troublée », a-t-il ajouté sur la chaîne de télévision LCI.
La ministre du Travail Muriel Penicaud a pour sa part appelé de ses voeux une reprise rapide de l’activité.
« Ce que je souhaite pour les salariés d’Amazon (10.000 dont un tiers d’intérimaire) et pour les clients français c’est que ça puisse repartir le plus rapidement possible mais dans les conditions de sécurité »,a-t-elle expliqué sur LCI.
Alertée par les syndicats, l’Inspection du travail a mené un vaste programme de contrôles sur 15 des sites du distributeur qui ont abouti à cinq mises en demeure. Quatre des sites ont depuis régularisé leur situation, a-t-elle dit

Source sur l’indépendant

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