

La Méditerranée a fermé. Et avec elle une foultitude d’activités qu’on croyait banales. La criée du petit matin qui survivait tant bien que mal le long de quelques pontons. Les vedettes SNSM qui filaient à la rescousse de plaisanciers imprudents. Les plaisanciers imprudents, et les prudents, qui donnaient envie de prendre le large. Tout un monde aujourd’hui à quai.
Dans un Disney, les daurades, les poulpes et les baudroies taperaient le carton entre deux eaux en attendant de revoir un jour un filet de pêche. Dans une Europe confinée, les marins pêcheurs remaillent leur filet en attendant de reprendre un jour la mer. Car les ports aussi se sont figés face au coronavirus. Pêcheurs, plaisanciers, accastilleurs, sauveteurs… le monde de la mer est réduit à cet étrange silence depuis l’arrêté du préfet maritime, le 17 mars. La Méditerranée a fermé.
Période inédite pour les marins pêcheurs
« Je suis très inquiet, surtout pour la petite pêche artisanale qui vit au jour le jour et préparait sa saison ».Bernard Perez, le président du Comité régional des pêches, grimace à l’heure d’entamer une réunion téléphonique « d’au moins trois heures » pour accompagner les 2500 pêcheurs d’Occitanie dans cette période inédite. « On met tout en place pour les accompagner, assure Bernard Perez. Côté petite pêche, nous sommes en discussions autour du chômage partiel pour les marins et des aides du Fonds de solidarité pour les patrons. Côté chalutiers, on étudie un arrêt temporaire d’activité en plus du chômage partiel ». La profession est aussi au travail avec les services de la Région qui devraient débloquer une aide et aider à la coordination Etat-Région-professionnels. Sur le littoral du Languedoc-Roussillon, l’économie de la pêche pèse quelque 30 millions d’euros.
L’activité nautique est à 20%
Dans les ports d’Occitanie, « des mesures exceptionnelles sont en place, annonce le président de la Fédération française des ports de plaisance, le Catalan Serge Pallarès. Une astreinte administrative et technique pour les plaisanciers 7j/7 et 24h/24, car il n’y a plus de navigation, on n’accueille plus personne depuis le 17 mars ». Un brin d’activités demeure : « On peut lever et gruter les bateaux pour ne pas stopper complètement l’activité nautique mais aujourd’hui elle est à 20% ».Là aussi l’accompagnement des entreprises et des salariés sera essentiel. « La Fédération est en veille de tous les décrets et arrêtés sur les possibles aides financières pour les ports même si aujourd’hui il est trop tôt pour quantifier le manque à gagner. En ce moment, on gère l’humain d’abord ».Les ports d’Occitanie comptent 700 emplois directs et 25000 emplois indirects, ces derniers sont les plus menacés.
La SNSM d’astreinte
Les sauveteurs en mer restent sur le pont, d’astreinte au cas où. Mais à part une embarcation, a priori espagnole, qui s’est fait récemment rappeler à l’ordre, rien à signaler. Pas un bateau à l’horizon.