

Chargés de nouvelles missions pour un contrôle renforcé des accès et des flux, les agents de sécurité privée des Pyrénées-Orientales s’imposent sur le front de l’épidémie comme des « barrières » naturelles à l’irrespect des règles et consignes de crise.
Boucliers humains érigés en rempart contre la propagation du Covid-19, les agents de sécurité du département ne ménagent ni forces ni moyens. Le jour aux portes des grandes surfaces, des agences postales et autres établissements ouverts aux publics, comme la nuit sur les chantiers fermés ou aux abords des lieux sensibles, ils veillent.
Dans les supermarchés et sur les chantiers
« J’ai la chance d’avoir des collaborateurs volontaires et courageux », remercie Jean-Louis Payros, gérant de la société spécialisée privée Vigiexpert à Perpignan.
Aujourd’hui tous équipés de masques, de gants et dotés de flacons de gel hydroalcoolique, ses quelque cinquante salariés ont vécu des moments plus exposés. « Au début du confinement, on s’est trouvé en rupture de stock et malgré tout ils ont choisi de travailler », félicite le responsable qui a récemment réussi à commander un millier de protections prévues à la livraison fin avril. Indispensables pour ses équipes notamment affectées à la surveillance de nombreux Intermarché à Cabestany, Canet, Argelès, le Soler ou encore Béziers, ainsi qu’à à l’entrée des magasins Aldi. Des missions essentiellement au contact direct du public.
« Sur ces sites nos fonctions ont changé depuis la crise, les enseignes nous demandent de renforcer le contrôle des flux. »
A l’Intermarché d’Argelès, Vigiexpert déploie ainsi sept à huit employés par jour chargés de réguler les passages à raison d’une seule personne par chariot. « On voit des couples contourner la consigne en arrivant à deux et en prenant un caddy chacun pour entrer, on leur signale et on ferme les yeux. En majorité les gens jouent le jeu, ils se montrent plus disciplinés qu’en temps normal », reconnaît Jean-Louis Payros.
La sécurité touchée par la crise
À la tête de ACR Sécurité, Laurent Rey confirme le comportement plutôt modéré du public, en particularité aux abords des agences de la Poste surveillées par ses personnels. « Avant le confinement on était à l’intérieur pour faire face aux incivilités, aujourd’hui on est dehors sur le trottoir pour diriger les usagers. On filtre, on oriente vers le service adéquat et on veille à ce qu’il n’y ait pas de file d’attente qui se crée en rangs serrés« . Petit plus, les agents proposent du gel hydroalcoolique à chaque entrée et sortie. « Ils sont contents d’être sur le terrain pour apporter leur contribution, ils ont l’esprit solidaire. Au final, ils n’ont même pas envie de prendre leurs congés », relève Laurent Rey, attentif au soutien de ses troupes dans cette période difficile pour les hommes comme pour les entreprises.
Loin d’être épargné, le secteur voit en effet les annulations de contrats s’enchaîner. Alors que Laurent Rey a par exemple déjà perdu la sécurité du Parcours du cœur ou encore celle de deux campings qui devaient ouvrir ce mois d’avril à Argelès, Jean-Louis Payros encaisse de son côté le report de la foire-expo de Perpignan. Soit une semaine de travail pour trente salariés.
Et la situation est bien pire pour Arkane, la société privée d’Enzo Bodin, spécialisée dans l’évènementiel. Des Déferlantes d’Argelès à Bordeaux en passant par tous les festivals du grand sud.
« L’été s’annonce compliqué pour notre entreprise, on va vivre une saison blanche car on ne fait pas de la sécurité lambda, on fait uniquement du festif. C’est donc les deux-tiers de notre chiffre d’affaires annuel qui est impacté », confirme Enzo Bodin. Il espère obtenir « un dédommagement sur la perte d’exploitation », pour conserver un minimum de trésorerie et être en capacité de rebondir. « L’argent ça va, ça vient, la santé non, il faut la préserver coûte que coûte », conclut le dirigeant fataliste.