

Depuis le confinement, les accros à la nicotine ne peuvent plus se rendre de l’autre côté de la frontière pour acheter leurs cigarettes à prix bradés. Résultats, les ventes bondissent pour les buralistes des Pyrénées-Orientales.
« Trente ans au moins que je n’avais pas acheté une cartouche de cigarettes en France !« , comme Marcel, quinquagénaire Perpignanais, nombreux sont les Catalans à retrouver le chemin des bureaux de tabac de quartier. Ce dimanche, ce fumeur s’est retrouvé à sec et n’a eu d’autre choix que de se rendre dans le point de vente le plus proche de sa résidence perpignanaise. Une première car, il l’avoue sans rougir, jusque-là, ses achats de tabac se couplaient avec des escapades en Catalogne Sud. « Pardon du terme, mais, en temps normal, il faut être con pour payer une cartouche 98€ en France contre 45€ en Espagne alors qu’on habite juste à côté« , lâche-t-il.
Avec la fermeture de la frontière et les règles de confinement en vigueur, les accros à la nicotine sont obligés de consommer local. Résultat, dans les Pyrénées-Orientales, les ventes explosent chez les buralistes. L’exemple est criant à la Maison de la presse de Céret, village du Vallespir qui se trouve à moins de 15 kilomètres de la frontière et, donc, des cigarettes à moitié prix. « Habituellement, nous, on fait du dépannage. C’est-à-dire que nos clients viennent acheter seulement un paquet ou deux. Depuis le confinement, on recommence à écouler des cartouches. C’est bien simple, on a multiplié nos ventes par cinq« , avoue Sonia, la gérante. Elle en est même à espérer que la frontière ne rouvre pas.
Renouveler les stocks deux fois par semaine
À Perpignan, les buralistes témoignent eux aussi de la flambée du marché de la clope. Une situation telle, que les stocks en pâtissent. « Nous sommes livrés tous les 15 jours mais cela ne suffit plus. Nous devons nous rendre deux fois par semaine à la plateforme de Narbonne pour nous ravitailler« , confie Jennifer, du bureau de tabac Le Cadre Noir au boulevard Clemenceau. L’augmentation de ses transactions de 30% fait ressurgir une évidence : malgré la politique française de hausse des prix du paquet, bon nombre d’habitants des Pyrénées-Orientales n’ont pas arrêté de fumer. « On se rend surtout compte de tout l’argent qui part en Espagne le reste de l’année !« , peste Jennifer.
Même son de cloche au Victory, à Canet-en-Roussillon, où Maryse réalise en une matinée le total de ses ventes quotidiennes. « Nous avons beau ouvrir que le matin, nous constatons tout de même une augmentation de 20 à 25% du débit« , explique-t-elle. Autant de grain à moudre pour la profession qui réclame en France une harmonisation des taxes et du prix du tabac en Europe.