« Oui, les violences intrafamiliales et conjugales ont augmenté. Les signes ne se sont pas vus dans les premiers jours du confinement, mais là c’est significatif », confirmait jeudi soir 16 avril lors du Facebook live de la préfecture des P.-O.  Pascaline Robert-Clément, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité femmes hommes, à l’initiative de la mise en place depuis jeudi matin d’une permanence au supermarché Auchan de la Porte-d’Espagne, tenue par l’APEX, l’association France victimes et le planning familial. Toutes les victimes, mais aussi les témoins de violences, peuvent toujours contacter le 17, le 114 par SMS ou se rendre dans toutes les pharmacies qui donneront l’alerte. Comme ce fut le cas tout récemment à Perpignan.

Impossible de prendre la température exacte des violences conjugales en pleine crise sanitaire. Seule certitude, après un peu plus de 4 semaines de confinement, rallongé d’autant, le fléau intrafamilial s’est encore aggravé. Mais surtout, « désormais les situations se sont enkystées et vont l’être de plus en plus »,  alerte Sophie Baron-Laforet, présidente du CIDFF (centre d’information sur les droits des femmes et des familles) des P.-O.  tout aussi « occupé et préoccupé » que toutes autres associations et acteurs sociaux d’aide aux victimes. 

« D’emblée nous nous sommes organisés, avons, tous, réagi et nous sommes restés joignables. La mobilisation est là, mais maintenant elle doit encore s’adapter. Au départ nous avons géré les situations d’urgence et aujourd’hui, nous avons beaucoup d’appels de personnes que nous ne connaissions pas, au moins une par jour, en plus des contacts réguliers avec celles qui sont parties avant le confinement. Ma préoccupation est que ça ne va plus être le même cas de figure. Et on n’accueille pas des personnes en urgence vitale comme celles qui ont eu du mal à venir jusqu’à nous. Après tout ce temps, c’est plus difficile… »

Dans l’enfer conjugal à huis clos, les femmes victimes de violences sont en effet contraintes de développer des stratégies pour se protéger : se taire, faire comme si, contrôler tout geste, toute parole, ne pas refuser…. en espérant ne pas déclencher l’explosion.  S’enfermant dans un monde où s’installe le silence à mesure que s’incruste le désespoir de pouvoir s’en sortir. 

Maintenant, c’est la vigilance de chacun qui va jouer

« Il faut accéder à ces familles et  passer le message… reprend Sophie Baron-Laforet qui compte désormais sur « la toile d’araignée » vigilante des citoyens. Maintenant, c’est la proximité qui va jouer, la solidarité du quotidien. Car ça va passer par le voisinage, l’entourage, la famille, ces commerçants qui ont relayé nos informations, ces pharmaciens qui préviennent les forces de l’ordre, ces caissières à qui nous envisageons de distribuer des listes de contacts… Personnellement j’ai envoyé des messages à toutes mes amies. Nous devons chacun et chacune être à l’écoute du moindre signe, et ils sont tous importants. D’autant qu’en cette période, on prend plus de nouvelles, on appelle des gens que l’on n’a pas eus depuis longtemps.  Ce qui se passe dans les foyers n’est pas que de l’intime quand il y a de la violence ». 

Mais « sans jamais juger », précise-t-elle. Car, en situation de  violences conjugales, « partir ce n’est jamais n’importe quand et n’importe comment. ça se prépare« .  Tel est l’autre message du CIDFF des P.-O. « Ce confinement est le moment aussi de bâtir un projet, reprendre de l’assurance, penser à un avenir. Ces femmes imaginent souvent qu’elles n’ont droit à rien. Nous sommes là, également pour les informer sur les gardes d’enfants, le logement, les droits sociaux, réfléchir à une reprise d’emploi, envisager une formation…  Qu’elles nous contactent »
Un moyen peut-être d’atténuer le contrecoup.  » J’ai peur, termine la présidente du CIDFF 66,  que le 11 mai on se rende compte qu’il y a eu des situations extrêmement violentes et que ce soit très dur. On le sait, le silence est le pire remède. Et le silence tue ». 

CIDFF des Pyrénées Orientales : 04 68 51 16 37

Source sur l’indépendant

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici