

Le collectif SOS soignants en danger publie une photo exposant 46 infirmiers (es) libéraux nus pour dénoncer leur manque cruel de matériel : masques, gants, surblouses, lunettes… « On monte aux fronts sans arme », dénoncent-ils sur une vidéo disponible sur Youtube. Plus de 300 soignants français ont déjà rejoint ce cri d’alarme.
Le choc de la photo. Ils sont 46 infirmiers et infirmières libéraux dans le plus simple appareil. Exposées comme dans leur quotidien de soignant : « A poil face au Covid » . Lancé ce mercredi 1er avril sur les réseaux sociaux, ce coup de gueule en image dit beaucoup du dénuement des infirmiers libéraux face à l’épidémie. En manque de tout : masques, surblouses, charlottes, gants…
L’initiative est née à Perpignan. « Ce n’est facile pour personne de se montrer ainsi, mais là, on est vraiment dans le dur », alerte Magali Delval, infirmière libérale au Bas-Vernet. « Nous voulons absolument faire réagir, aller au clash. Il faut que l’on nous entende ».
Démonstration glaçante. « Nous n’avons quasiment pas de masque FFP2. Sur la dernière livraison que j’ai reçu 9 étaient périmés et seulement 3 utilisables. On le sait, avec la vague qui arrive, nous allons devoir prendre en charge de plus en plus de malades à domicile. En région parisienne, l’oxythéraphie à domicile se met en place. Sans parler des cas asymptomatiques qui existent déjà. Et de nos autres patients réguliers qui ont toujours besoin de nous. C’est de la folie ».
On va être des vecteurs ambulants
Elle ajoute : « On va être des vecteurs ambulants. Je me suis bricolé une visière faute de lunettes. Chez une des mamies que je traite, j’emprunte un de ses vieux peignoirs qu’elle lave à 60°, comme surblouse, pour ne pas risquer de la contaminer, au cas où. Ma voiture est pleine de sacs de congélation, de linge propre et sale soigneusement trié… Je la désinfecte sans cesse. Nos masques chirurgicaux ne sont pas des remparts suffisants face à un malade atteint qui tousse. Entre collègues, on ne se refile les rares bons plans. Quand une décroche un peu de matériel, on se retrouve sur un parking pour se le partager. On ne fait que du système D en pleine crise sanitaire. On organise des tournées exclusivement Covid-19, mais il faut les protections pour l’assurer. »
Le collectif SOS soignants dénonce également le manque de détection pour le personnel médical libéral. « Tout ça parce qu’il n’y a pas assez de tests disponibles en France. Les personnels soignants des hôpitaux ont la priorité, et c’est normal, ils sont face à des malades graves. Mais, nous sommes aussi au front », ajoute Magali Delval.
On ne lâchera rien, on ne lâchera aucun patient
« Rien n’est fait non plus pour l’ouverture des immeubles ou des cités. Les portes communes, les digicodes, les interphones, les boutons d’ascenseur. Ce n’est pas faute de le réclamer aux offices HLM ou aux communes. Et tous ces lieux où le confinement n’est pas respecté… Il faut agir vite. Maintenant. On sait que la vague arrive ».
« J’ai laissé mes enfants chez ma mère pour ne pas les exposer depuis bientôt 3 semaines. Si on touche nos patients, on ne peut pas toucher nos enfants. Quand je rentre chez moi, je lave tout ce que je porte et m’isole dans une chambre au rez-de-chaussée », confie-t-elle.
« Il est temps que cesse le mépris de l’Etat face à la parole des soignants. Mais, soyez-en certain, on ne lâchera rien. On ne lâchera aucun patient. On a juste besoin d’aide et de moyens », conclut le collectif.