Agueusie. Il y a peu, je n’avais aucune idée de la signification de ce mot. Mais la semaine dernière, j’ai vu se multiplier les articles expliquant que l’agueusie était un des symptômes du covid-19.

Avant même de tousser ou d’avoir de la fièvre, si le virus s’est invité dans notre organisme, on est victime d’agueusie, c’est-à-dire qu’on perd la sensation du goût. On peut plaisanter de tout avec moi, mais à propos de la nourriture, c’est non ! En grand gourmet, gourmand exactement, tout ce qui est bon (soit 98 % de ce qui s’ingère dans mon cas) est sacré. Et à l’idée de perdre le goût, cela me semble pire que si on me crevait les yeux ou me perçait les tympans.

Par chance, cette agueusie provoquée par le coronavirus n’est que temporaire. Mais ça me trotte dans la tête. M’obsède de plus en plus. Et si j’étais malade ?

Alors je veux me rassurer. Je coupe un petit morceau de fuet. Le déguste. Parfait, je réagis toujours au bon goût de la charcuterie. Mais peut-être que le virus agit plus vite sur le sucré. Cette viennoiserie n’attendra pas le dessert du dîner pour taquiner mes papilles. Ouf, le sucré existe encore, je suis donc en bonne santé.

Mais si l’agueusie me frappait demain ? Je perdrais alors le plaisir de manger ce succulent dessert au chocolat. C’est bon le chocolat. Alors j’anticipe et l’engloutis avant de ne plus pouvoir en profiter.

En fait, depuis que j’ai appris cette histoire d’agueusie, je me rassure toutes les deux heures en boulottant des morceaux de tout ce que je trouve de bon dans le frigo ou les placards. Peut-être que je n’aurais jamais le covid-19, par contre les 5 kg de plus depuis le début du confinement, ils sont là et bien là.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 31 mars, 15e jour du grand confinement

Source sur l’indépendant

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