

En pays catalan, près de 1 000 familles ont déjà répondu à l’enquête de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) sur le dispositif d’école à distance mis en place depuis le 16 mars dernier. Nombre d’entre eux font part de grandes inquiétudes, notamment pour les collégiens et lycéens.
Depuis la fermeture des classes et le début de « l’école à la maison », il y a trois semaines, de nombreuses familles contactent la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) pour faire part de leurs inquiétudes et de leurs difficultés. Afin de mieux cerner celles-ci, l’association a mis en ligne le jeudi 26 mars 2020 un questionnaire à destination des parents. Ce vendredi 3 avril, à la veille des vacances, près de 1000 foyers des Pyrénées-Orientales avaient déjà répondu à l’enquête. Le point avec le président départemental de la FCPE, Rémy Landri.
Quels enseignements tirez-vous de cette enquête ?
Elle confirme les craintes des parents. Dans le premier degré (maternelle et élémentaire), 44 % d’entre eux se disent inquiets. On passe à 64 % pour les collèges et lycées. Ces inquiétudes proviennent d’une part du contexte actuel très anxiogène du Covid-19 et d’autre part du fait que ni les parents ni les enseignants n’ont été formés à cette « école à la maison » à la fois inédite et très ambitieuse. On demande beaucoup aux familles (impression de nombreuses photocopies, recherche d’informations sur différents supports…).
Beaucoup de parents se déclarent-ils satisfaits du dispositif mis en place ?
Si près de la moitié (45%) des parents d’élèves de primaire pensent que la continuité pédagogique se passe correctement, ils ne sont que 27% à être satisfaits pour les collèges et lycées.
Le lien est plus facile en primaire
Quelles sont les principales difficultés que rencontrent les parents ?
À l’école primaire, la difficulté numéro un, c’est le manque de matériel.
Pour les collégiens et lycéens, de nombreux parents estiment que les professeurs donnent trop d’informations. Ils évoquent aussi des problèmes pour accéder à l’Espace numérique de travail et pour l’assimilation des leçons non traitées avant le début du confinement.
Globalement, en primaire, le lien entre l’école et les parents est plus facile, car il n’y a qu’un seul enseignant référent. Donc, même si c’est loin d’être parfait, l’enseignement à distance se passe mieux.
Beaucoup d’enfants se retrouvent-ils sur le bord de la route en pays catalan ?
On assiste à un creusement des inégalités. Les enfants qui avaient déjà du mal à suivre en classe ont encore plus de mal à la maison. Certains élèves qui suivaient bien à l’école éprouvent également des difficultés qu’ils ne connaissaient pas auparavant.
L a continuité pédagogique devient discontinuité
En règle générale, les enfants issus de milieux défavorisés sont les premières victimes de la crise. Ce qui devait être de la continuité devient de la discontinuité pédagogique.
Quelles sont les propositions de la FCPE pour améliorer la situation ?
Il faut vraiment prendre le temps de s’apaiser, de faire une pause dans le calendrier scolaire, et ne pas chercher à suivre le programme, à donner des notes coûte que coûte. L’enjeu est ailleurs. Les parents souhaitent avant tout maintenir le niveau de leur enfant et les connaissances acquises. Garder le lien social avec les enseignants nous paraît également essentiel. L’école doit s’assurer qu’aucun élève ne soit perdu en chemin.
Par ailleurs, la crise actuelle va se répercuter nécessairement sur les deux ou trois années à venir pour tous les élèves, de la maternelle à l’université. Les différences qui sont en train de s’accentuer avec l’enseignement à distance ne pourront pas être compensées seulement avec des modules de rattrapage en juillet et août. C’est pourquoi nous souhaitons qu’un mois de révision et de remise à niveau soit programmé à la rentrée prochaine.
Bac : « Des annonces plutôt positives, mais encore trop d’incertitudes »
La FCPE66 voit plutôt d’un bon œil la décision du ministre de l’Education nationale. Ce vendredi 3 avril, Jean-Michel Blanquer a en effet annoncé que le bac sera, comme le brevet, attribué sur la base du contrôle continu. « Bien sûr, ce ne sera pas le vrai bac, estime Rémy Landri. Mais en cette situation de crise sanitaire, nous pensons qu’il s’agit de la meilleure solution. » Les parents d’élèves émettent cependant un bémol concernant la prise en compte des notes du troisième trimestre dans le cadre de l’examen. « Certains élèves auront accumulé du retard en raison du confinement, prédit Rémy Landri. De plus, personne ne connaît pour l’heure la date du retour en classe. Et si les cours reprennent plus tôt dans certaines régions, cela générera encore de l’inéquité. »