
Tout juste les étals rangés, Fabienne Bonet, présidente de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, ainsi plusieurs agriculteurs locaux tirent le bilan de cette opération inédite.
Le bonheur est dans le pré. Ou plutôt sur le parking de la Chambre d’agriculture, à Perpignan. En effet, en ce jour de Vendredi saint, des agriculteurs des quatre coins des Pyrénées-Orientales, sous la houlette de leur chambre consulaire et avec le soutien du Département, se sont mobilisés pour proposer puis vendre au cours d’un « drive » leurs produits frais de saison. Le tout, à la sauce pascale. Trésors de la terre et de l’élevage, tels que des fromages de Saint-Laurent-de-Cerdans, des bêtes de Cerdagne ou des légumes de Saint-Hippolyte, ont été proposés sur la boutique en ligne du site producteurs66.com et sélectionnés par les internautes. Par ailleurs, les professionnels ont été présentés sur une cartographie du territoire avec des suggestions de recettes. Il ne restait plus, avec toutes les précautions de rigueur, qu’à récupérer les paniers.
En quelques jours, « la réactivité a été forte et faite dans le respect des consignes de sécurité », salue la présidente de la Chambre d’agriculture du département, Fabienne Bonet. « Les producteurs ont répondu présent », ils étaient au nombre de 17, « et les consommateurs ont été au rendez-vous », soit une centaine.

D’habitude, on ne sait pas ce que l’on va vendre
Ce vendredi 10 avril 2020, de 9 à 13 heures, artichauts, pommes de terre primeur, miel, confitures, kiwis, « pour réaliser le repas de Pâques de l’entrée au dessert », sont partis comme des petits pains. « Pour la viande, l’idée était de faire un focus sur la vente de chevreaux et d’agneaux », précise Fabienne Bonet.

Pour Tony Baurès, président de la Coopérative catalane des éleveurs, « tout a été extrêmement bien organisé. Les producteurs ont eu leur place de parking et les clients ont joué le jeu pendant qu’on remplissait leur coffre. » Lui qui a dû anticiper la découpe de ses « xaï » reconnaît « ne pas du tout travailler comme ça sur les marchés. D’habitude, on ne sait pas ce que l’on va vendre. »
« Le but n’était pas tellement de faire des affaires, concède Philippe Maydat, président de la Coordination rurale 66 et producteur de fraises. Mais de donner de la lisibilité aux producteurs locaux. En cette période compliquée, on va s’adapter quoi qu’il arrive, on est prêts à aider le pays. C’était un effort collectif. » La preuve, il a vendu 19 barquettes, alors qu’il ne rentre en production que la semaine prochaine.
« Que les gens n’oublient pas après le confinement, espère Fabienne Bonet. Les circuits courts fonctionnent encore. On a tout ici ! » D’ores et déjà, l’idée d’un deuxième opus germerait.