

Pierre Ricordeau, directeur régional de l’ARS est formel : les premiers effets du confinement se font sentir et il ne faut pas relâcher la pression au risque de voir repartir l’épidémie de plus belle. Il revient également sur le problème des matériels de protection et des décès dans les maisons de retraite.
Quelle est la situation en Occitanie ce samedi 4 avril en fin d’après-midi. Les effets du confinement se font-ils sentir ?
La situation est toujours très évolutive mais depuis deux jours, on commence à ressentir une stabilisation, voire une baisse des cas en réanimation, si on enlève les transferts de patients du Grand Est. Même constat pour les données syndromiques recueillies auprès d’un réseau sentinelle de médecins généralistes. On a quelques premiers signes de l’effet du confinement dans le recours au système de soins. La crainte que nous avons aujourd’hui, c’est que le confinement se relâche. C’est la seule mesure efficace et il est très important de le poursuivre jusqu’à ce que les conditions du déconfinement soient réunies.
On a effectivement le sentiment que les efforts se relâchent..
Oui, on a plusieurs indicateurs qui nous le disent. Les professionnels de santé sur le terrain nous le font remonter. Ça nous inquiète. C’est très important de rester chez soi. Si le confinement était mis à mal maintenant, tous les efforts qui ont été faits et qui commencent à porter leurs fruits seraient remis en cause avec un risque de rebond de l’épidémie. Notre système de santé est mis à rude épreuve. Je souhaite saluer le travail des libéraux et des hospitaliers au front, ils ont besoin de sentir qu’ils ont derrière eux la population. Et le confinement, c’est la façon d’être avec les soignants en ce moment.
Les soignants, justement, dénoncent un manque de matériel de protection. Où en est-on de l’approvisionnement?
Pour les masques, la situation s’est stabilisée. Nous avons des livraisons hebdomadaires du stock national qui sont redistribuées via les établissements supports. Vendredi, nous avons aussi eu des livraisons dans les officines à destination des professions libérales. Notre appel aux dons a été entendu, nous avons reçu et redistribué 3,6 millions de masques. Des difficultés demeurent pour les blouses, les surblouses, les charlottes et les surchaussures. Les livraisons nationales ne suffisent pas et nous travaillons avec les préfectures pour mobiliser les producteurs.
Concernant les soignants, sait-on combien sont malades ? Où en sont les tests ?
Nous n’avons pas comptabilisé les soignants contaminés mais ils sont bien entendu prioritaires pour les matériels de protection et les tests.
Dans l’Aude, deux clusters ont été identifiés très vite à Quillan et Lézignan. Cette situation explique-t-elle le nombre de décès élevé dans ce département?
Les deux clusters audois avaient été détectés avant les mesures générales de confinement. Des mesures spéciales avaient été prises. Avec le confinement qui a suivi, elles ont permis de limiter la propagation du virus au-delà du cluster mais il circulait déjà à l’intérieur. Une grande partie des décès de l’Aude proviennent des personnes qui étaient dans ces clusters et qui ont été contaminées avant les mesures de confinements local et national.
Et pour le cluster de Perpignan ?
C’est différent. Il a été identifié alors que nous étions dans le confinement général. Aussi, il ne s’est pas étendu au-delà de son périmètre d’origine. Pour les P.-O., la très grande majorité des décès sont des personnes qui faisaient partie de ce cluster.
Existe-t-il un profil type des victimes du covid 19 en région ?
Oui, bien que ce soit des caractéristiques qu’on retrouve avec des variations au niveau national. En Occitanie, 60 % des personnes décédées sont des hommes et une très forte majorité de personnes âgées. 72 % des femmes et 86 % des hommes avaient plus de 70 ans. Dans les cas en réanimation on a presque 80 % d’hommes et l’essentiel est entre 50 et 80 ans. Même si l’âge est un facteur aggravant, le coronavirus touche également des personnes plus jeunes.
La Catalogne et l’Espagne voisines font face à un afflux de malades. Est-il prévu d’en accueillir en Occitanie ?
Nous n’avons à ce jour pas eu de demandes ni de la Catalogne ni de l’Espagne.
L’hôpital transfrontalier de Puigcerdà est-il à saturation ?
Non. Il s’est très bien organisé. En cas de besoin, les hôpitaux de Perpignan et de Foix peuvent être en soutien.
Où en est-on des prescriptions de chloroquine dans les hôpitaux de la région ?
C’est une pratique autorisée dans un certain nombre de conditions mais je n’ai pas le recensement exact de ce qui se fait. Par ailleurs, toute une série d’essais cliniques sont en préparation et devraient concerner Montpellier, Nimes et Perpignan dans les prochains jours.
Avez-vous une idée de nombre de décès hors parcours hospitalier en région ?
On commence à recenser pour les établissements médico-sociaux. Ce samedi nous aurons les premiers chiffres qu’il faudra prendre avec précaution. Ils ne sont pas très élevés en région : cinq décès dans l’Aude et un dans les Pyrénées-Orientales.