

La bicyclette, déjà revenue sur le devant de la selle, pardon de la scène, à la faveur des grèves et mouvements sociaux de 2019, va-t-elle s’imposer comme le mode de locomotion idéal de l’après-confinement ? Fort probable, au moins dans un premier temps, quand le retour dans les transports en commun sera source d’inquiétudes…
À l’heure du déconfinement, qui aura envie de revenir à la promiscuité des transports en commun ? La question des déplacements de demain, en particulier les trajets urbains domicile-travail, est étudiée par le gouvernement.
« Après l’épidémie, il y aura un rejet des transports en commun »
La ministre de la Transition écologique a ainsi chargé le président des Ville et territoires cyclables (1 500 collectivités dont à peine 14 en Occitanie…), l’élu francilien Pierre Serne, de « coordonner la mise en place de solutions de déplacement avec le vélo ». Ce spécialiste de la question l’assure : « Après l’épidémie, il y aura un rejet des transports en commun […] mais il faudra bien se déplacer ». Sur de courts trajets, le vélo s’avère idéal. Écologique, peu coûteux et objet d’un nouvel engouement, il semble s’imposer comme le meilleur moyen de locomotion de l’après-confinement. Encore faut-il lui faire de la place dans des villes aménagées pour le tout-voiture.
Aménagements provisoires encouragés
Réaliser des (vraies) pistes et voies cyclables peut être long et coûteux, un kilomètre revient en moyenne à 100 000 euros. Aussi, les aménagements provisoires sont-ils encouragés pour circuler dans les villes d’après-crise. Plots, blocs béton, barrierages… Dès le mois de mai, des boulevards pourront être temporairement réservés aux seuls cyclistes. Paris (qui a déjà 1 000 km de pistes cyclables) est partante, Montpellier (160 km cyclables dans sa métropole) aussi, qui a été la première ville de France à se déclarer prête à se lancer dans cette « vélorution ». Le maire Philippe Saurel s’apprête à « poser des plots en plastique » pour rendre cyclable une entrée de ville à 4 voies (lire aussi ci-dessous). Loin d’ici, Berlin a déjà doublé la largeur de ses pistes et plus loin encore, la ville de Bogota a créé en une nuit, 22 km cyclables supplémentaires en réservant des voies de bus aux vélos et piétons. Mexico a fait de même grâce à des plots et New York a interdit plusieurs de ses rues aux voitures. Le mouvement, simplissime à mettre en œuvre, devrait se propager jusqu’en France et en Occitanie.
Des aides à l’achat en Occitanie
« On pense au vélo depuis longtemps, pas seulement pour l’après-confinement », indique Jean-Luc Gibelin, vice-président de la Région Occitanie chargé des Transports. « On est adhérent des Villes et territoires cyclables et le 17 février on menait une journée de travail sur la place du vélo justement, avec les treize départements, dit-il. Et pour les habitants de la région, je rappelle les aides à l’achat de vélos classiques ou électriques (qui peuvent aller jusqu’à 240 euros pour les uns et 400 euros pour les autres-NDLR) et je dis aux entreprises en lien avec le vélo qu’on est prêt à les soutenir ». Mais pour l’après-confinement, la Région ne croit pas à une réponse unique autour de la petite reine. « Il aura une place particulière sans aucun doute mais il ne faut pas imaginer que les 70 000 à 80 000 usagers quotidiens de nos TER et les passagers des 5 000 cars pourront demain se déplacer à vélo ! », affirme-t-il.
La désaffection des transports publics ? « C’est un risque réel »
Mais que fera la Région face à des habitants craignant de reprendre des transports en commun dans lesquels la distanciation est généralement illusoire? « C’est un risque réel, convient Jean-Luc Gibelin. Je ne le balaye pas d’un revers de main. Mais nous travaillons aussi à plus de traçabilité sur les opérations de nettoyage des wagons et des bus et aussi à fournir des masques. Beaucoup de gens dépendent des transports en commun, vous savez. On est pour l’essor du vélo mais ça ne peut pas être la seule réponse ; il y aura un mix de solutions ».