

Action-réaction. Face au coup dur que représentent pour leur activité l’épidémie de Covid-19 et le confinement nécessaire, les agriculteurs des Pyrénées-Orientales et de l’Aude se retroussent les manches pour sauver leurs exploitations, et notre alimentation.
Des exploitations désertées. Des besoins en main-d’œuvre importants. Des marchés et débouchés qui se ferment. La crise sanitaire, instantanément devenue crise économique, frappe durement le monde agricole. Mais les maraîchers, éleveurs, viticulteurs, arboriculteurs audois et catalans, soutenus par leur chambre d’agriculture respective, sont déjà passés à l’action pour garder la tête hors de l’eau. De nouveaux débouchés s’ouvrent à leurs productions, portés par de nouvelles habitudes de consommation, aujourd’hui imposées par les mesures de confinement, mais demain étendues ?
Sauver les cultures
Le besoin de main-d’œuvre, déjà criant aujourd’hui pour la récolte des artichauts, des asperges ou des fraises va se faire croissant dans la région alors qu’arrive la saison des fruits d’été. Les arboriculteurs d’Aude et des Pyrénées-Orientales vont ainsi avoir très vite, dans les jours prochains, besoin de bras pour éclaircir les abricotiers et autres pêchers, puis récolter. « Nous sommes en train de répertorier les besoins mais rien que pour cet éclaircissage c’est entre 1 000 et 2 000 personnes qui sont nécessaires, indique Fabienne Bonnet, présidente de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales. Habituellement, ce sont des saisonniers étrangers qui s’en chargent mais cette année ils ne viendront pas, donc on travaille avec les syndicats, la préfecture et Pôle Emploi pour faire appel à de la main-d’œuvre française ». Son homologue audois, Philippe Vergnes, travaille aussi à répertorier les besoins en main-d’œuvre de son département, « un problème majeur », et tient à rassurer sur les mesures de précaution. « Elles sont toutes respectées, les distances, les déplacements en véhicules… et on est aidé par le Département qui autorise les bénéficiaires du RSA à travailler sur les exploitations » et à cumuler le revenu des travaux agricoles. « La Région a aussi permis aux élèves majeurs du lycée Charlemagne, et à ceux de plus de 16 ans pendant leurs vacances, de venir travailler aux champs, c’est important parce qu’eaux, ils ont déjà le savoir-faire ». Enfin, Audois et Catalans saluent « le soutien des banques qui reportent les échéances de prêts, facilitent la trésorerie… c’est rassurant, la MSA aussi nous aide sur les taxes salariales et patronales ».
Vendre davantage en circuits courts
Second sujet de préoccupation pour les agriculteurs : la vente en circuits courts amputée par la fermeture des marchés de plein vent. Si la Chambre d’agriculture des P.-O. se félicite du bon nombre de dérogations signées par le préfet (45 marchés catalans maintenus), celle de l’Aude en pointe un plus faible nombre, 19. « Madame la préfète dit souvent oui aux dérogations, assure Philippe Vergnes. On a maintenant un travail pédagogique à faire auprès des maires ». Seuls à pouvoir solliciter une dérogation préfectorale. « Il faut leur expliquer qu’il n’y a pas plus de risques à faire ses courses au marché qu’en grande surface, toutes les règles, les distances sont respectées ». D’autres circuits courts comme « Bienvenue à la ferme » restent actifs. Les chambres répertorient les dispositifs sur leur site web.
Réinvestir les rayons des grandes surfaces
« La grande distribution joue le jeu et bascule sur des produits français : asperges, fraises, artichauts…, se félicite Fabienne Bonnet. On a contacté toutes les grandes et moyennes surfaces des P.-O. pour leur dire qu’on pouvait les approvisionner ». Un démarchage qui a porté ses fruits (sans jeu de mots) et que la chambre d’agriculture catalane a renouvelé avec le marché Saint-Charles, à Perpignan. La première plateforme européenne d’éclatement de fruits et légumes rencontrant des difficultés d’approvisionnement, « on leur a dit qu’on pouvait leur livrer nos produits locaux ». « On essaie de trouver des solutions », résume Philippe Vergnes. Certaines sont amenées à perdurer dans l’après-confinement.