Plus de visites, port du masque obligatoire pour les salariés, gel hydroalcoolique à disposition, respect des gestes barrières… les Ehpad se plient aux nouvelles consignes mises en œuvre pour limiter la propagation du Covid-19. Mais, outre ces règles générales, les établissements gèrent parfois au cas par cas le confinement entre leurs murs. 

« On croise les doigts« , « Je ne suis pas pieuse mais je prie« , « On en serait presque à faire des incantations« , tous les professionnels des différents Ehpad des Pyrénées-Orientales interrogés ont cette même réaction. Pour l’heure, ils ne déplorent aucun cas dans leur établissement et ils s’en remettent au divin pour que la situation perdure. Lors d’un Facebook live vendredi soir, le préfet Philippe Chopin a d’ailleurs précisé « Après un point de la situation avec l’ARS, aucun décès n’a été signalé » dans les Ehpad.  

À Prades, Perpignan, Millas ou encore Thuir, la vie de ces Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) se réorganise. Du repas, aux activités en passant par la sauvegarde du lien social, tout est repensé pour perpétuer le bien-être des résidents. 

Dans la structure pradéenne Guy Malé, les pensionnaires sont totalement confinés dans leur chambre depuis « au moins une bonne semaine« , estime Valérie Cathala, cadre de santé. La consigne a mis à l’épreuve les capacités d’adaptation du personnel de l’Ehpad tant pour les distractions que pour les rendez-vous quotidiens. « Comme les résidents n’ont plus accès au réfectoire, nous les faisons manger en chambre. L’une des premières préoccupations a été de s’équiper en plateaux mais aussi d’agencer notre temps pour ce nouveau service. Le repas nous prend 50% de temps en plus qu’avant« , explique Valérie Cathala. Les animations collectives étant désormais prohibées, les soignants favorisent une présence en appartement afin de discuter avec les personnes âgées. « C’est plus convivial. On consacre moins de temps aux tâches administratives« , assure la cadre de santé. 

Dans certains Ehpad, il est quasiment impossible de confiner totalement les résidents. Des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, par exemple, auront d’énormes difficultés à respecter l’enfermement ou les gestes barrières.

Aux Jardins Saint-Jacques à Perpignan, la directrice Frédérique Poux a dû adapter les directives à ce public. Ici, les pensionnaires vivent dans des unités de vie protégées, soit des espaces composés de chambres et d’une terrasse de 100m2, dédiés aux malades d’Alzheimer. « On ne peut pas dire à une personne souffrant de cette pathologie d’arrêter les va-et-vient entre sa chambre et un couloir. Et on ne peut décemment pas les enfermer à clefs dans une pièce. Les 13 résidents qui sont dans cette unité continuent d’avoir des interactions entre eux et nous veillons au maintien des distances recommandées« , détaille Frédérique Poux. Ces pensionnaires ne peuvent, par contre, plus se rendre dans les parties communes. Les autres se retrouvant donc en nombre réduit, ils continuent de dîner dans le restaurant collectif tout en respectant les gestes barrières. Pour éviter tout croisement, les groupes sont répartis par étage, tout comme les soignants. 

Au-delà de ces aspects organisationnels, la priorité des soignants est de continuer à distraire les personnes âgées. Pour ce faire, l’Ehpad Força Réal, à Millas, assure encore quelques ateliers de deux ou trois participants. « On fait également des sorties individuelles dans le jardin, on leur lit le journal et nous avons renforcé les visites de la psychologue. Souvent, le plus dur pour eux c’est de ne plus voir les copains et les copines. Certains se connaissent depuis toujours« , précise Mounia Vergnet, la directrice. 

Que ce soit en mettant la musique dans les couloirs comme à Thuir, ou en papotant dans les chambres, les salariés de ces Ehpad redonnent des couleurs à ce quotidien assombri.

Trois questions à Georges Cabel, président de la Fnadepa 66 : « On perd des guerres sur le moral »

Quels sont les retours des établissements face à cette crise ? 

Une vingtaine d’Ehpad dans les Pyrénées-Orientales est membre de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa). Pour l’instant, j’ai écho que tout se passe relativement bien, je n’ai pas connaissance de décès lié au virus, (selon lui, la situation est inchangée ce dimanche matin). 

Les Ehpad sont-ils correctement équipés pour limiter la propagation du Covid-19 ?

Nous recevons régulièrement des masques chirurgicaux de la part de l’ARS. C’était une priorité car cela permet d’éviter la propagation. Depuis 15 jours, les livraisons sont hebdomadaires. Les soignants ont deux masques par jour. 

Pourquoi la question du confinement en Ehpad paraît-elle si délicate ? 

Car il est très compliqué de maintenir le lien social et familial bien que les animateurs mettent tout en place pour le faire perdurer. D’un point de vue éthique, nous sommes partagés entre la nécessité d’isoler les résidents et le fait que certains d’entre eux ne comprennent pas ce qu’il se passe. Pour les personnes atteintes de troubles cognitifs, cet enfermement peut engendrer une altération dans le comportement ou une augmentation de la perte d’autonomie. Vous savez, on perd des guerres sur le moral. Il faut absolument continuer de motiver les pensionnaires et leur réexpliquer la situation tout en maintenant l’isolement au maximum afin d’assurer leur protection. 

Source sur l’indépendant

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