

Les artisans sont amenés à se rendre chez les particuliers pour des urgences mais aussi pour réaliser des chantiers qui pourraient attendre. Mais les risques encourus sont dans tous les esprits.
Une sorte de peur ambiante règne au moment de toutes les interventions des artisans tant sur les chantiers classiques que lors des interventions pour des cas d’urgence chez les particuliers, peur de trop s’approcher, de toucher une surface. « On a beau respecter toutes les consignes de sécurité qui sont imposées par la situation, assure Robert Massuet le président de l’Union professionnelle artisanale, quand nous entrons chez les gens, la situation est compliquée. Quand tout est fait pour que ni les artisans, ni les particuliers n’attrapent le virus, rien n’interdit bien entendu d’assurer tous les chantiers. Mais tout se complique pour de multiples raisons. Une d’elles par exemple est l’obligation de porter des masques alors qu’ils sont difficiles à trouver. Je rappelle aussi que les collègues qui en avaient les ont donnés aux soignants, ce qui était la priorité des priorités. » L’artisanat est actuellement à la recherche de masques pour pouvoir reprendre le travail. Il y a bien les masques « maison » réalisés par les couturières. « Sauf que ces protections ne sont pas homologuées, poursuit l’artisan, si un salarié ou un client est infecté, notre responsabilité pourrait être remise en cause. tout cela et bien d’autres choses encore posent problème. Car un patron n’a pas le droit à faire une seule erreur. »
Il y a aussi la distanciation entre les personnes, pas toujours évidentes à respecter quand on doit manipuler des objets lourds ou encombrants, comme un gros chauffe-eau ou un cadre de fenêtre. Pour des déplacements, dans la mesure où il ne faut pas plus de deux personnes dans un véhicule, les chantiers qui demandent l’implication de plus d’employés, le nombre de véhicules mobilisés doit être en conséquence.
« Et puis avec toutes les protections qui sont imposées, assure encore un artisan, pas facile de travailler, ou même d’essuyer ses lunettes pleines de buée. Tout prend un temps bien plus long que d’habitude, tout revient donc plus cher. Qui va payer? » La rentabilité des entreprises est donc fragilisée.
Intervenir en cas d’urgence, c’est nécessaire. « Au moment du rendez-vous, explique Martine qui recevait des ouvriers pour une intervention sur sa terrasse, j’ai ouvert toutes les portes et la porte-fenêtre pour que les ouvriers n’aient pas à utiliser les poignées, je leur ai mis à disposition le gel hydro alcoolique que j’avais, et l’ai bien pris garde à ne pas m’approcher trop des ouvriers. C’était quand même stressant. »
Les chantiers se poursuivent donc au ralenti autant par manque de personnel disponible que par la difficulté pour les entreprises de se procurer du matériel auprès des fournisseurs qui eux aussi sont en mode de fonctionnement minimal.
« L’autre risque, poursuit Robert Massuet, c’est qu’a un moment donné on baisse la garde. Et là, un geste, un mouvement non approprié le moindre oubli peut provoquer une catastrophe. Tout cela induit une atmosphère pesante qui ne facilite rien. »