Entre sept heures de prières par jour, les tâches ménagères, la lecture spirituelle et la fabrication de confitures naturelles, les sœurs du Carmel de Vinça ne voient pas le temps du confinement passer.

Du réveil qui sonne à 5 h 55 à l’extinction des feux soufflés à 22 h 15, les carmélites prient, contemplent, s’affairent. En silence absolu. C’est le vœu de l’ordre selon Thérèse d’Avila, « c’est notre vocation de vie fraternelle », bénit sœur Marie-Bénédicte. Une véritable « maman » pour les neuf autres religieuses, âgées de 32 à 97 ans, qu’abrite la communauté du Carmel de Vinça. À l’exception de l’une d’entre elles récemment transférée dans l’Ehpad Ma Maison à Perpignan à cause de la maladie d’Alzeimer. « On n’a pas pu la garder avec nous », soupire sœur Marie-Bénédicte qui reste à l’écoute de toutes les autres y compris de la doyenne « en pleine forme » du haut de ses 97 printemps. Le 15 mars dernier, « je l’ai même emmenée voter, du coup je n’ai pas eu à faire la queue », se réjouit-elle rétrospectivement. 

Au monastère, les élections sont les seules sorties autorisées avec les visites médicales et les sessions religieuses. Le confinement n’y change rien. « C’est un choix que nous avons fait, c’est l’appel de Dieu », prône sœur Marie-Bénédicte, arguant d’une existence très organisée, rythmée par sept heures de prières quotidiennes. À commencer par l’oraison tenue dans un silence absolu. « Comme être enfermées nous ouvre sur le monde, nous taire nous permet de voir nos faiblesses, de créer une vraie relation intérieure entre Dieu et la terre. »  

Nourries par ces moments de recueillement, « qui n’ont rien à voir avec la méditation du yoga » relève la carmélite, les religieuses prennent aussi le temps d’entretenir le monastère, de s’occuper du potager, cultiver de la verveine et, c’est leur spécialité, cuisiner des confitures naturelles à l’ancienne. Vendues sous le label « Monastic » dans leur boutique en ligne. « C’est notre gagne-pain et malheureusement on a épuisé tous nos stocks de fruits », regrette la communauté espérant quelques dons généreux pour poursuivre la production. Et régaler les gourmets, ce qui n’a jamais été un pêché. 

Sept heures de prières par jour et des confitures

Les sœurs recluses tentent ainsi de garder le sourire. L’espérance rivée au cœur. « L’homme croit toujours être le plus fort, le plus intelligent, or nous nous retrouvons aujourd’hui démunis face à un minuscule microbe. Dieu n’a pas envoyé cette épreuve sur terre, ce n’est lui, mais puisqu’elle s’abat sur nous il faut qu’elle nous serve à remettre en place plein de choses dans nos vies« , suggère Marie-Bénédicte en refusant de se projeter. « Il faut se garder de se raccrocher à un passé qui n’existe plus et à un avenir qui ne sera jamais celui qu’on imagine« , encourage-t-elle sagement, appelant les gens à vivre l’instant présent « à fond avec tous ceux qui nous entourent ».

Au Carmel de Vinça, avec vue splendide sur le Canigou, les nonnes se consacrent à leur foi avec une énergie sans faille, malgré le manque d’eucharistie et des messes suivies en différé à la télé. « Le progrès est entré chez nous, on a un écran géant et un vidéoprojecteur« , se félicite sœur Marie-Bénédicte. Le couvent s’est également équipé de trois ordinateurs. Un pour la mère prieure supérieure, un pour l’économat et le troisième à partager. « C’est fou ce qu’on y passe comme temps et on se maîtrise pour ne pas aller sur des mauvais sites », confie-t-elle dans un éclat de rire. Par jour, les carmélites ont une demi-heure de liberté pour vaquer à leurs propres loisirs. Cloîtrées aux portes du confinement. 

Source sur l’indépendant

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