Organisées en clusters médicaux satellites du centre hospitalier de Perpignan, les cliniques privées des Pyrénées-Orientales restent prêtes à accueillir les malades contaminés. D’ici là, elles s’affairent à gérer les autres urgences lourdes ainsi que la post-réanimation des patients « coronavirus » à leur sortie de l’hôpital.

En attaquant ce lundi matin 6 avril la quatrième semaine du plan blanc déclenché dans tous les établissements de santé de France, Pascal Delubac à l’effet « gueule de bois ». La sensation, après 22 jours sans relâche au chevet des patients, de tituber entre deux cauchemars. « Comme l’impression que le pire auquel on s’est préparé nous attend demain » prévient le directeur territorial du groupe de santé Elsan pour les Pyrénées-Orientales et l’Aude, également président de la Fédération hospitalière privée pour l’Occitanie (FHP). Confirmant une légère accalmie enregistrée dans le nombre d’hospitalisations, « un signe précurseur d’une nouvelle vague de contaminations », il appelle à respecter plus que jamais le confinement.

Vous mobilisez l’hospitalisation privée depuis les premières heures de la pandémie pour prendre localement en charge les patients hors Covid-19, quelle est la situation en ce lundi 6 avril? 

Sous coordination de l’ARS et en lien avec l’hôpital de Perpignan, nous avons mis en place une stratégie spécifique qui fonctionne bien. Elle consiste à organiser des clusters médicaux dans tous nos établissements afin de sécuriser les prises en charges des malades. En plus d’armer et de geler des lits de réanimation, de soins intensifs et soins critiques, nous sommes en capacité de gérer tous les patients lourds. Saint-Pierre assure les grosses opérations en chirurgie digestive et cardio-vasculaire notamment, nous avons 140 patients ce lundi matin en clinique, le site réalise également les interventions de cardiologie médicale, la cancérologie et les chimiothérapies avec 30 à 40 malades par jour.

Et pour les autres pathologies ?

On les ventile principalement dans les autres établissements. Médipôle Saint-Roch prend en charge l’urologie et l’activité médicale, la polyclinique Méditerranée garde sa spécialité maternité et accouchements avec des protocoles de sécurité renforcés, Céret et Prades ont aménagé des lits de gériatrie. Quant à Supervaltech à Saint-Estève, elle accueille des malades Covid-19 sévères qui sortent de l’hôpital, précisément de réanimation où ils ont passé la phase aiguë. Ils ont été intubés et ventilés pendant dix à douze jours, c’est  la durée moyenne aujourd’hui d’un séjour en réa pour ces patients, c’est long, ils ont besoin de rééducation avec des spécialistes dont des pneumologues, avant de pouvoir rentrer chez eux.

On s’est organisé en clusters médicaux 

Supervaltech peut recevoir combien de convalescents à ce stade ? 

L’établissement de soins de suite et de réadaptation leur a dédié une aile entière, il en accueille dix ce lundi et il prévoit une montée en puissance. Nous tenons chaque jour une réunion avec les cadres soignants de l’ensemble des structures publiques et privées pour discuter de la meilleure répartition à observer. On gère les flux, on fait face.

Hors Covid-19, l’activité des cliniques est-elle en chute comme celle des médecins généralistes ?

Elle continue de baisser partout en France, en Occitanie et dans les Pyrénées-Orientales. Nos structures tournent à 50% de leurs potentiels, pour information on a eu 43 passages aux urgences de Saint-Pierre hier dimanche, principalement des pathologies sévères, contre 190 pour une journée normale. À l’exception d’un habitant du Vallespir qui s’est cassé le poignet en faisant du sport à la maison, on n’a quasiment plus de traumatologie.

Vos personnels sont exposés en première ligne, vous déplorez des malades ?

Tous personnels confondus et donc pas uniquement soignants, on en a une dizaine à Saint-Pierre mais dont l’état n’a heureusement pas nécessité d’hospitalisation, ils sont confinés.

Vous semblez redouter un nouveau pic d’épidémie?

Oui, je crains le relâchement des gens. On connaît aujourd’hui un aplatissement des tendances entre entrées et sorties d’hospitalisation, mais la pandémie n’est pas terminée, le soleil ne la jugulera pas et je le répète, il serait suicidaire de sortir du confinement.

Source sur l’indépendant

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