De Saint-Jacques à la cité Bellus, en passant par le Haut-Vernet, la communauté gitane est la plus impactée à Perpignan par l’épidémie de coronavirus. Parmi les nombreux réseaux d’entraides qui se sont montés, un relais fonctionne au quotidien au sein des quartiers pour informer les familles sur l’état de santé de leurs proches hospitalisés. 

Encore une fois, l’objectif est d’éviter la surcharge à l’hôpital. Et cette fois, ce sont les médiateurs sociaux de la ville qui sont mis à contribution. Claude Reyes au Nouveau Logis, cité Bellus à Perpignan nord, David Rey au Vernet, et enfin Samir et Gino Cargol à Saint-Jacques. Leur mission depuis mi-mars et les premières hospitalisations consiste à joindre l’hôpital tous les jours pour prendre des nouvelles des habitants de leur quartier hospitalisés, puisque les visites sont proscrites. 

« Aujourd’hui, sur les 11 personnes décédées du covid à Perpignan, au moins 7 ou 8 sont des membres de la communauté gitane, comptabilise Claude Reyes. C’est l’hôpital qui nous a sollicités très vite, parce qu’ils recevaient trop d’appels. Alors, on se concerte avec les médiateurs des autres quartiers où résident les patients et leur famille, et on se dispatche les appels. De mon côté aujourd’hui, j’ai pris des nouvelles de trois malades, auprès de la réanimation et des autres services de l’hôpital. Cela allège les docteurs. Ensuite, on transmet aux proches. On se connaît bien, ils ont confiance en nous. » 

Je répète les nouvelles à 4 ou 5 membres de la même famille

Tout repose sur ce lien de confiance établi de longue date avec les habitants. « C’est vrai que parfois, ils multiplient les sollicitations, y compris entre nous, les médiateurs. Moi, s’il le faut, je répète à 4 ou 5 membres de la même famille les nouvelles du même malade« , poursuit Claude Reyes. Il prendra aussi le temps de se renseigner pour décoder la parole des soignants et expliquer longuement aux familles. « On se comprend mieux entre nous. Quand on est touché de près, on comprend toujours mal ce que disent les médecins« , précise encore celui qui est aussi très investi dans l’animation culturelle dans sa communauté. 

Et d’après lui, si les familles gitanes ont été touchées par le coronavirus, c’est par le biais des réunions évangéliques. « Un membre de la communauté des gens du voyage est venu en mission au Vernet, un pasteur a été contaminé, et rapidement une grande partie de sa famille, retrace Claude Reyes. Ses grands-parents ont été les premiers morts, puis lui aussi, il avait 56 ans. Ensuite, le virus s’est propagé à St Jacques, où ça a été foudroyant. »  Le médiateur social pointe une « communauté fragile physiquement, avec des problèmes d’obésité et de diabète » qui multiplient les risques.

Personne ne pourra aller les consoler

Sur la cité Bellus, il indique que les premiers cas seraient apparus quasiment en même temps la semaine dernière parmi trois familles : « Deux pasteurs et le père de l’un d’eux ont été hospitalisés. » Si ce dernier est sorti de l’hôpital à cette heure, son fils serait toujours en réanimation. Toute la communauté est particulièrement touchée et se trouve désemparée devant les contraintes imposées par le confinement : « Il y a des parents qui ont perdu leur fils d’une cinquantaine d’années, on n’a pas encore trouvé le moyen de leur dire parce qu’on sait que personne ne pourra aller les consoler… »

Source sur l’indépendant

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