

Au cœur du monastère Sainte-Claire de Perpignan, les religieuses adaptent leur vie de recluses au confinement. Et leurs prières à la souffrance du monde. Sœur Helène en témoigne.
Derrière les portes en bois du monastère des clarisses érigé quartier du Vernet à Perpignan, les statues de Saint-Roch et de Saint-Sébastien incitent aux louanges. Le premier est le saint patron des blouses blanches, le second protège de la peste. « On prie aussi tous les jours Saint-François de Paul et Saint-Joseph« , complète sœur Hélène. Dieu va sans dire. « La maladie comme la mort sont injustes. C’est un mystère que nous ne comprenons pas mais nous croyons à Dieu, c’est notre confiance, notre espérance, nous croyons à la vie », dessine la religieuse. Recluse en compagnie de trois autres nonnes âgées de 50 à 90 ans, depuis la mobilisation sanitaire décrétée contre l’épidémie de Covid-19.
« Nous avons choisi depuis longtemps de vivre en retrait, c’est une forme d’existence qui partage des points communs avec le confinement, nous ne nous sentons pas enfermées, sourit la moniale. Sa vocation n’était pas innée. Elle est apparue un samedi, à Perpignan. « J’allais à l’anniversaire d’une amie quand j’ai rencontré le Christ à 18h45, le 13 novembre 1997. C’est venu brutalement, comme une rencontre amoureuse. Je n’ai pas eu de vision, j’ai senti sa présence réelle et depuis il est là, il sait tout de moi et il m’aime. » Difficile de mettre des mots sur la révélation. « J’ai d’ailleurs pris du temps pour entrer dans la vie religieuse », appuie sœur Hélène qui a travaillé dans le tourisme, l’animation et la promotion du patrimoine avant de prononcer ses vœux de contemplation selon Fançois d’Assise.
« J’ai pris ma liberté d’aimer, ce n’est pas la décision de se couper du monde » souffle-t-elle, se disant aujourd’hui chaleureusement entourée. Certes, les fidèles ne sont provisoirement plus accueillis à la chapelle, les jeunes des aumôneries sont interdits de visite, et « l’eucharistie nous manque beaucoup, mais les gens nous confient leurs prières par téléphone et par mail. »
On espère le miracle
À toutes les quatre, les clarisses confinées vivent comme « en famille. On reçoit de l’aide, on en donne aux personnes dans le besoin, je suis sortie trois fois pour faire les courses en prenant des précautions. Entre nous on s’interpelle pour se souvenir de se laver les mains, on n’a pas peur pour nous, on pense aux autres. » En communion pour la souffrance du monde, les religieuses ont ainsi allongé leur temps de prières. « Cette souffrance, on la porte dans nos entrailles, la compassion on la garde au cœur à longueur de journée en imaginant ces terribles drames humains qui se nouent et vont encore survenir durant des semaines et des mois. On espère le miracle. »
Sœur Hélène l’imagine sous forme de vaccin, mais aussi d’explications pour comprendre les circonstances qui ont amené le virus à se développer, et enfin de prise de conscience. « Pour prendre soin de notre mère la terre car on a tous une responsabilité collective et individuelle », implore-t-elle avant de s’en remettre à la grâce de l’instant présent.