

Thierry Diez, pasteur de la Nouvelle Vie à Perpignan, a passé le cap des 59 ans ce 26 mars 2020. Une date anniversaire dont il se souviendra à jamais. Son cœur n’était pas à la fête mais plutôt à la lutte contre le Covid-19. Ce virus qui l’a frappé, a touché plus sévèrement encore son épouse Isabelle, 58 ans, et s’est propagé à une dizaine de membres de sa communauté.
Comment et où ont-ils « attrapé ça » ? Thierry Diez, pasteur à Perpignan, ne le sait pas. Un transport en VSL jusqu’à Montpellier pour le suivi de son épouse, tout juste opérée d’un cancer ? Leur séjour à Gérone en Espagne les 7 et 8 mars ? « En deux jours à peine, ça m’étonnerait quand même« . Quant à la conférence de l’église la Porte Ouverte à Mulhouse, « nous n’y sommes pas allés, ni personne de la fédération de Perpignan ou des P.-O., nous n’avons eu aucun contact avec eux. Et personne de là-bas n’est venu ». Alors ? Mystère.
Toujours est-il que tout s’est déclenché le lundi 9 mars. « Je rentre chez moi et je suis complètement à plat, se souvient-il. À partir du mardi, je commence à avoir les symptômes et mon épouse, qui était déjà fragilisée, était encore plus faible que moi ». Le pasteur ferme aussitôt son église de l’avenue de Prades et alerte ses paroissiens. Le couple se confine, respecte les consignes et appelle le 15. « C’était les débuts de l’épidémie, alors c’était difficile. Au bout de 5 à 6 heures, on nous a rappelés. Puis, après maintes péripéties, on a un oncle médecin à Bordeaux qui nous a dit d’aller à l’hôpital de Perpignan. Ce que l’on a fait. Là, ils ont gardé mon épouse, l’ont placée sous respirateur et m’ont dit de rentrer chez moi. Au départ, ils n’ont fait le test qu’à Isabelle, il était négatif. J’y suis retourné pour être dépisté à mon tour. Moi, j’étais positif. Alors, ils ont refait des examens plus poussés sur mon épouse ». Confirmation. Elle a également contracté le Covid-19. Elle restera hospitalisée durant 5 jours. « C’était comme si la vie s’en allait, glissait de nous doucement« , confesse-t-elle aujourd’hui.
Chaque jour était un combat
« Au total, du 10 au 25 mars, on était complètement épuisés, reprend son mari. Chaque jour était un combat. On se demandait même si on n’allait pas mourir. J’ai déjà eu la grippe, mais je peux vous garantir que là, c’est le summum ». Il leur faudra attendre le 27 mars seulement pour que « ça commence à aller beaucoup mieux ». « Plus de fièvre. Les forces sont revenues, l’appétit, le goût et l’odorat aussi. Parce que l’on avait tout perdu. J’ai aussi perdu 7 kilos. Bon, j’en avais bien besoin », sourit-il aujourd’hui. Avant de reprendre un ton grave : » On était vraiment en manque de respiration, c’est terrible. On était incapable de rien faire. On se levait pour attendre simplement le soir et se coucher. À ce moment-là, on fait le bilan de sa vie, on imagine jusqu’au pire parfois « .
Désormais Thierry et Isabelle sont « en phase de guérison ». Chez eux. Mais avec un respirateur à demeure, encore parfois nécessaire. Et les appels permanents du médecin se sont aussi espacés.
« On ne va plus vivre comme avant »
« C’est très impressionnant, résume le pasteur. On ne va plus vivre comme avant. On a revu certaines priorités de nos vies. On est recentrés. Surtout, ça a resserré les liens familiaux. Nos filles sont venues nous soutenir. On est chrétiens, beaucoup de gens, des amis, jusqu’en Colombie, ont prié pour nous et pour tous les autres. Par WhatsApp, ils ont pris souvent de nos nouvelles. Certains nous ont amené de la nourriture. C’est saisissant aussi cette solidarité et encore aujourd’hui tout le monde prend soin les uns des autres ».
Car, sur les 70 fidèles perpignanais de la Nouvelle Vie, une dizaine a été touchée. » C’est une petite communauté et j’ai pu contacter tout le monde par téléphone. On a des paroissiens de 84, 87 et même 90 ans. Je m’inquiétais. Mais, eux, ils n’ont rien. C’est plutôt ceux qui ont entre 30 et 40 ans qui sont malades. Certains ont été se faire tester et sont positifs, d’autres ont été hospitalisés. Cela concerne 4 à 5 familles. Mais, pour l’heure, tous vont bien. Du moins… ils se remettent « .