

Historiquement très présente sur le Roussillon d’avril à septembre, la main-d’œuvre ibérique, du fait de la crise du Coronavirus, ne pourra se rendre jusqu’à nouvel ordre dans les exploitations. Du côté des producteurs, on s’organise tant bien que mal, tout en se disant agréablement surpris de l’élan des candidatures de proximité ces derniers jours.
C’est une certitude à l’heure où la quasi-totalité de l’Europe vit dans le confinement. La main-d’œuvre étrangère, principalement venant d’Espagne et du Portugal, sera absente des exploitations des différentes vallées arboricoles ce printemps. C’est le cas le long de la Têt où l’éclaircissage des arbres fruitiers va débuter dans quinze jours nécessitant pas moins de 200 heures de travail par hectare pour les six prochaines semaines.
Mobilisés depuis une dizaine de jours sur ce dossier, la préfecture, la chambre d’agriculture, les syndicats, les coopératives et la fédération des fruits et légumes ont essayé de répondre à cette problématique en mettant sur la table l’offre et la demande. C’est ce que confirme Jean-François Not, président de la coopérative Ille fruits.
« Le succès de l’appel à candidature »
Depuis des décennies et parfois sur plusieurs générations, des travailleurs d’un petit village de la province de Cadix viennent dans l’établissement renforcer les équipes dès avril mais seront absents pour ce début de saison. « Ils sont encore plus frappés que nous par le Covid-19. On a dû prendre les devants pour trouver des solutions. On a ainsi contacté les saisonniers, qui travaillent dans le conditionnement en juin, pour qu’ils soient disponibles dans 15 jours sur l’éclaircissage. Nous aurons aussi le renfort des personnes, souvent au chômage partiel à cause de l’arrêt de leurs activités, qui ont répondu à l’appel du travail dans les champs. On est extrêmement bien surpris du succès des candidatures. On va pouvoir travailler, certes avec une main-d’œuvre peu habituée à ces tâches, mais on va s’adapter en espérant que la situation se stabilise des deux côtés de la frontière ces prochaines semaines ».
« On veut être prioritaire en mai pour les tests »
Car la saison des fruits et légumes sera loin d’être achevée au moment où le confinement prendra fin. « Le travail, c’est jusqu’à la fin septembre, et il ne faudrait pas que l’on se retrouve sans main-d’œuvre par la suite ». Ainsi, le monde agricole souhaite clairement être positionné en priorité dans le déploiement des futurs tests sérologiques. Cela doit leur permettre dans un mois de déployer « en toute sécurité les équipes et d’intégrer la main-d’œuvre étrangère sur les exploitations bien évidemment si la situation le permet ».
Du côté de la préfecture, on assure que « les renforts saisonniers issus d’autres pays ne peuvent plus circuler librement, compte tenu de l’épidémie qui nous frappe. Aussi, les agriculteurs et l’ensemble de la chaîne aval de la filière agroalimentaire ont besoin de saisonniers issus du département ». Sont ainsi appelés à se manifester : les demandeurs d’emploi, les indépendants dont l’activité a été interrompue par le confinement et les salariés placés en activité partielle. « Ils peuvent conclure, pour des travaux à venir dans les exploitations dans les prochains jours, un contrat de travail avec un exploitant situé à proximité de son lieu de résidence. La loi du 13 mars prévoit cette possibilité ».
À noter que la plateforme de Pôle emploi, alimentée au quotidien, a été choisie pour assurer le recensement et la coordination de l’ensemble des offres disponibles sur le territoire. « Dans ce cadre, le respect des mesures barrières, de distanciation sociale et des consignes réglementaires est un impératif. Ainsi, les publics intéressés ne pourront se positionner que sur les exploitations au plus près de leur domicile ».