

Président de l’Union des métiers et de l’industrie hôtelière dans les P.-O. (UMIH66), Hervé Montoyo s’inquiète des « incohérences des annonces d’Emmanuel Macron » lundi soir, du « manque de feuille de route claire pour nos entreprises » et des « dégâts provoqués » par une fermeture des établissements prolongés après le 11 mai.
Comment réagissez-vous aux annonces d’Emmanuel Macron, ce lundi 13 avril ?
J’y note beaucoup d’incohérences et pas de vision pour nos entreprises. On va laisser des enfants retourner à l’école le 11 mai, passer plusieurs heures dans les classes, manger à la cantine, se côtoyer à la récréation, prendre les transports scolaires dans quel respect des règles sanitaires ?.. Alors que dans nos établissements, les gens restent bien moins longtemps qu’en classe, que la base de notre métier est le respect des règles hygiènes. C’est comme le 14 mars dernier, on nous imposait la fermeture précipitée de nos établissements et le lendemain, on a envoyé les Français dans les bureaux de vote. Le virus ne doit visiblement pas pénétrer dans les écoles et les bureaux de vote…
Nous n’avons pas plus de feuille de route après le 11 mai. On a besoin de savoir ce que l’on fait pour la saison, déjà entamée. Il nous faut un horizon, pas une date fixe, mais une période pour organiser notre reprise, le retour de nos salariés, la prévision d’embauches de saisonniers… On ne peut pas envoyer comme cela des entreprises et des chefs d’entreprise au suicide. Faut-il prendre une gérance estivale ? Monter nos clubs de plage ? Louer un local ? Relancer nos fournisseurs ? Prévoir nos équipes ? Nous sommes bien sûr conscients de la nécessité sanitaire de la lutte contre l’épidémie, mais nous avons absolument besoin d’une feuille de route claire et précise.
« 92% de nos entreprises sont à l’arrêt complet »
Des reports et même de possibles annulations de charges ont été évoqués, c’est une de vos revendications…
Nos gouvernants prennent souvent l’exemple de l’Allemagne, et bien l’Allemagne a déjà annulé les charges jusqu’à la fin de l’année. Quelles charges seront annulées ici ? Reportées ? Jusqu’à quand ? Report après report, on gonfle l’ardoise et un jour il faut la payer. Cette situation n’est pas soutenable pour nos métiers. Tout cela après les grèves SNCF, les Gilets jaunes, la mobilisation pour les retraites, la tempête Gloria, la fermeture de la 116… On cumule. Aujourd’hui, 92% de nos entreprises sont à l’arrêt complet. Il faut absolument qu’aucun chef d’entreprise ne soit laissé sur le bord de la route et protéger nos collaborateurs. La saison est vitale dans le département. Elle sauve des établissements en difficulté, elle permet l’ouverture et la création d’autres, l’embauche de salariés et, là, on a déjà perdu deux mois.
Craignez-vous des dépôts de bilan ?
Bien sûr. Des entreprises sont déjà en grosses difficultés, sans la moindre activité, devant encore assumer des charges, des abonnements ou des factures… Toutes ne pourront pas assumer plus longtemps. Nous travaillons déjà à des hypothèses de reprise. D’abord, à la protection de nos salariés avec des procédures d’hygiène bien précises, que pour partie nous utilisions déjà, et qu’il faudra renforcer. Nous travaillons à l’accueil de nos clients qui nous manquent, à qui nous aimons faire plaisir. Mais, j’insiste, pour cela, il nous faut une feuille de route précise. Un exemple, un restaurant à la capacité de 200 accueils, s’il ne peut plus en accueillir que 100, il doit tout repenser, réorganiser, redimensionner. Et cela ne se fait pas en 48 heures.