

Dans l’immédiat, une forme d’impuissance se dégage d’Ange-François Costella, chef de la cellule physique de l’USAP. Confinés dans leurs habitations, les Catalans ne peuvent pas s’imposer un rythme d’entraînement réellement soutenu. Au fil des jours, ils régressent doucement. Mais soucieux d’anticiper une éventuelle fin de saison canon, Costella en appelle à leur sérieux et leur investissement: «C’est celui qui aura le plus envie de monter qui montera. Après une période comme ça, c’est encore plus vrai.»
Votre programme pour une éventuelle reprise est-il déjà prêt?
Christian (Lanta, le manager général) travaille main dans la main avec le président pour savoir ce qui se passera à la reprise. De mon côté, je planche pour anticiper tous les scénarios et du coup être le plus prêt possible au moment du premier match.
Mais comment anticiper au vu du flou autour de la fin de saison ?
L’objectif est de ne commettre aucune erreur si jamais on doit reprendre et selon la manière dont on reprend. Le foot a sorti différentes dates de reprise, le rugby n’a pas encore trop communiqué là-dessus. Dans tous les cas, mon travail est d’anticiper tous les scénarios possibles, que ce soit en mode championnat, phases finales ou encore si le championnat ne reprend pas. J’ai établi huit scénarios dans lesquels j’essaie que les joueurs soient le mieux possible le plus rapidement possible.
Huit scénarios de reprise
Qu’est-ce que les joueurs perdent le plus dans leur confinement ?
Cette musculature cervicale qui les protège beaucoup. Chez un joueur de rugby, elle est plus développée que la normale et, vu que notre corps fonctionne à l’économie, il l’a fait grosso modo revenir à la normale. Le deuxième point, c’est la capacité des joueurs à enchaîner des tâches intensives.Par exemple, en rugby, plaquer, se relever très vite, se replacer et ainsi de suite.Ça, ce sont des choses qu’on cible à l’entraînement.
Comment les accompagnez-vous en ce moment?
On est sur de la prévention cervicale, gainage et posture au niveau du bassin. Il y a aussi de l’entretien de course et de musculation pour le reste. Mais tous les clubs sont dans le même bateau. Au-delà de la technique de préparation physique, ce qui va être déterminant entre les clubs à la reprise ce sera l’investissement et le sérieux que les joueurs mettront dans ce confinement. La différence se fera là et pas sur le meilleur programme de confinement. En ce moment, c’est le mental des joueurs qui est à l’épreuve et leur envie de ne pas avoir trop perdu pour la reprise. Si on part de vraiment très bas, ce sera compliqué. On était sur une bonne dynamique (l’USAP était 2e de ProD2), on avait tous très faim.
Ce suivi physique permet-il de jauger leur moral également ?
On garde contact via les réseaux sociaux, même si c’est totalement amical en ce moment. On n’est pas très précis comme on peut l’être en saison à part pour le poids, qui peut leur servir de repère.
Justement, les rugbymen sont habitués à de grandes dépenses énergétiques. Ne doivent-ils pas moins manger en ce moment ?
Non, ce n’est pas forcément manger moins mais manger mieux. Effectivement quand on est sportif, on a droit à deux portions de féculents par jour. Là, il faut réduire à une. La proportion de légumes et de crudités doit devenir un peu plus importante. La difficulté, comme pour tout le monde, est d’arriver à avoir des produits frais tout le temps.